[23/01/2008 18:20:37] DAVOS (AFP)
La crise financière et la crainte d’une forte récession aux Etats-Unis ont sérieusement assombri l’atmosphère mercredi à Davos, en Suisse, au premier jour du , réunion annuelle de l’élite économique et politique mondiale. Tandis que les marchés boursiers européens et américains rechutaient, le pessimisme a dominé les premiers débats parmi les quelque 2.500 grands patrons et dirigeants politiques conviés dans cette petite ville de montagne. “Il va y avoir une grave récession aux Etats-Unis, un ralentissement dans les pays émergents et un fort ralentissement en Europe”, a déclaré l’économiste Nouriel Roubini lors du traditionnel débat d’ouverture sur l’état de l’économie mondiale. Lors du même débat il y a un an, M. Roubini avait été le seul à prévoir la crise financière américaine face à l’optimisme général qui régnait à l’époque. Certains intervenants, notamment des chefs d’entreprises, ont tenté d’instiller un peu de confiance, assurant que la Chine et d’autres économies émergentes aideront la planète à amortir le choc. Mais cette théorie du “découplage” économique entre les Etats-Unis et les pays du sud a été âprement débattue.
La fête annuelle du gotha des affaires et de la politique a en outre été gâchée par une série d’annulations: après le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson pour cause de crise financière et le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le ministre britannique des Finances Alistair Darling ont renoncé à faire le voyage, officiellement pour des problèmes d’agenda. La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice est, elle, bien arrivée et devait prononcer en fin d’après-midi le discours d’ouverture après des rencontres privées avec les présidents pakistanais Pervez Musharraf et afghan Hamid Karzaï. Alors que depuis plusieurs années, le Forum était l’occasion de célébrer de nouveaux profits records et de réjouissantes perspectives, il s’agit cette fois d’évaluer les dégâts que va causer la récession américaine. Stephen Roach, économiste renommé et président de la branche asiatique de la banque américaine Morgan Stanley, a formulé un jugement sans appel. “Nous allons entrer dans une période très douloureuse. Lorsque le consommateur américain a des problèmes, cela a des conséquences pour toute l’économie mondiale”, a-t-il lancé.
Signe de l’inquiétude ambiante, plusieurs intervenants ont pris soin de souligner qu’il ne prévoyaient pas une récession d’ampleur mondiale. “Mais ce sera de justesse. Le ralentissement sera plus fort que ce beaucoup prévoient”, a dit M. Roach. Plusieurs voix se sont élevées pour instiller un peu de confiance. “Je pense que (la crise américaine) n’aura pas un impact aussi fort sur le reste du monde que beaucoup de gens pensent”, a affirmé David O’Reilly, PDG de la compagnie pétrolière américaine Chevron. L’économiste américain Fred Bergsten a, lui, défendu l’idée du “découplage” entre Etats-Unis et pays émergents, affirmant même que le dynamisme des pays du sud allait amortir et abréger la récession américaine. “Cette histoire de découplage relève du fantasme”, a au contraire lancé Stephen Roach, qui a également durement critiqué la spectaculaire baisse des taux de la Réserve fédérale américaine mardi. “C’est une décision dangereuse”, a-t-il dit, estimant que la Fed avait voulu calmer les marchés financiers mais n’avait pas répondu au problème de fond: une consommation des ménages financée par l’emprunt. Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, attendu jeudi à Davos, a laissé entendre à Bruxelles qu’il était peu disposé à imiter la Fed. |
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