[23/01/2008 13:42:30] FRANCFORT (AFP) Mission première, combattre l’inflation: le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a douché mercredi les spéculations d’une baisse de taux rapide dans la zone euro dans la foulée de la Réserve fédérale américaine. “Nous n’avons pas sur notre boussole deux aiguilles, une qui serait celle de l’économie réelle, et l’autre qui serait l’aiguille de l’inflation. Nous avons une seule aiguille, celle qui nous indique comment faire pour donner (…) la stabilité des prix”, a-t-il dit devant les députés européen à Bruxelles. Eviter tout dérapage des prix s’impose encore davantage “lors des périodes difficiles de correction significative sur les marchés et de turbulences”, a-t-il déclaré. Des propos mal reçus par des marchés boursiers, toujours très volatiles mercredi. Ils “ont été déçus qu’aucun signe d’une baisse de taux ne vienne après la décision de la Fed”, souligne Irn Gartenger, stratège actions de Generali. Pour le Français, il s’agissait de mettre les choses au point: la BCE ne va pas suivre son homologue américaine, qui a abaissé mardi en urgence de trois quart de point son taux directeur alors que plane le spectre de la récession outre-atlantique. Ce geste exceptionnel, qui risque d’être suivi par une autre baisse de taux dans une semaine, met la BCE sous pression d’abaisser aussi les conditions de crédit dans les quinze pays de la zone euro, selon de nombreux économistes dont certains misent sur un premier geste dès le deuxième trimestre. Jean-Claude Trichet n’est pas le seul à avoir cherché à dégonfler les spéculations. “Nous n’avons pas besoin de copier, d’imiter les décisions qui peuvent être prises dans d’autres économies”, avait dit la veille le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia, en référence à un vaste plan de relance de l’économie annoncé vendredi dernier par le président George W. Bush. Jean-Claude Juncker, le président de l’eurogroupe qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro, a lui aussi voulu rassurer: l’économie européenne est fondamentalement saine. “Nous n’avons pas ressenti en Europe d’impact (de la crise financière née aux Etats-Unis) sur l’économie réelle”, a-t-il assuré lundi soir. “Je n’ai pas en mémoire une quelconque promesse de prendre les décisions sur les taux en parallèle à d’autres pays”, a pour sa part commenté à Berlin le ministre de l’Economie allemand Michael Glos (conservateur). La BCE “ne doit pas se laisser mettre sous pression (…)”, a-t-il ajouté. La BCE a néanmoins déjà quelque peu assoupli son message, laissant supposer qu’elle est en train de négocier un virage dans sa politique monétaire. Début janvier, elle était encore clairement “restrictive”, donc orientée vers une hausse des taux directeurs. Le risques encourus pour la croissance –crise financière et flambée des prix du pétrole– lui semblaient moins inquiétants que les menaces de surchauffe inflationniste. Mais Axel Weber, président de la Bundesbank et connu pour son orthodoxie monétaire, a récemment déclaré qu’il ne fallait pas sur-dramatiser la hausse des prix actuelle dans la zone euro (3,1% en décembre). Et Lucas Papademos, vice-président de la BCE, a reconnu lundi soir que la croissance serait sans doute “légèrement inférieure” aux 2% attendus jusqu’ici par l’institut de Francfort. Enfin, Jean-Claude Trichet s’est lui aussi montré un peu plus prudent. “Nous allons voir comment se développe la situation dans l’économie réelle”, a-t-il déclaré. |
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