[23/01/2008 12:06:29] PARIS (AFP) Les dépenses de consommation des ménages français en produits manufacturés ont connu en décembre leur plus forte hausse depuis juin 2006 (+2,0%), principalement sous l’effet des ventes d’automobiles, mais cette performance aura du mal à se poursuivre en 2008, selon des économistes. “C’est une bouffée d’oxygène salutaire pour l’économie française”, estime Alexander Law, économiste au cabinet Xerfi, pour qui “le bilan d’ensemble de 2007 est d’ailleurs plutôt flatteur: les dépenses (en manufacturés) se sont accrues de 3,5% sur l’année, soit le meilleur résultat depuis 2004”. La consommation en produits manufacturés représente environ un quart de la consommation totale des ménages en France mais constitue un bon indicateur de la tendance générale. Le chiffre de décembre est “rassurant à plus d’un titre”, estime Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès. “Il montre que, même si les ménages ont le moral en berne, cela ne les empêche pas de dépenser. Avec un peu de recul, on se rend compte que la poussée de l’inflation (laquelle tourne désormais autour de 2,5% et devrait même aller se promener dans les mois qui viennent du côté des 3%) rend les dépenses des ménages volatiles et sans doute plus sélectives, mais qu’elle ne les fait pas plonger”, souligne-t-il. Les dépenses en biens durables, qui donnent le pouls des comportements de consommation des ménages, sont très dynamiques en décembre (+3,8% sur un mois, +11,6% sur un an), ajoute M. Bouzou. La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, s’est réjouie dans un communiqué “de ce dynamisme de la consommation, qui prouve que les ménages ont confiance dans l’économie et que les mesures du gouvernement en faveur du pouvoir d’achat portent leurs premiers fruits”. Cette forte hausse “confirme la bonne orientation des fondamentaux de l’économie française”, estime Mme Lagarde.
Sur l’ensemble du quatrième trimestre 2007, les dépenses de consommation en biens durables “restent dynamiques mais croissent à un rythme moins soutenu qu’au trimestre précédent” (+1,9% après +4,0%), note de son côté l’Insee. “Cette performance mensuelle doit être relativisée”, renchérit Mathieu Kaiser (BNP-Paribas), soulignant que le rebond de décembre est lié à celui des ventes d’automobiles (+5,8% par rapport à novembre). Or ce phénomène tient selon lui essentiellement à l’entrée en vigueur au 1er janvier de l’éco-taxe sur les véhicules, qui a incité les ménages à anticiper leurs achats. “Une forte correction à la baisse est donc certaine en janvier”, affirme M. Kaiser, qui voit aussi dans la hausse de décembre l’effet des “reports d’achats entraînés par les 10 jours de grève dans les transports en novembre”. Les dépenses de consommation en textile-cuir se redressent fortement en décembre (+2,5% après -2,6%), mais elles sont en repli sur l’ensemble du trimestre (-3,2% après +2,6% au troisième trimestre). En France, la consommation des ménages est le principal moteur de la croissance “mais il ne faut pas s’y tromper, l’économie française n’échappera pas à un très net ralentissement de sa croissance, loin de là”, relativise M. Law. “La hausse de l’inflation, le ralentissement du pouvoir d’achat qu’elle induit, les fortes turbulences des marchés financiers et le resserrement des conditions de crédit sont autant de facteurs qui nous font penser que la consommation ne tiendra pas le rythme au cours des prochains mois”, ajoute cet économiste. |
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