[24/01/2008 18:03:22] NEW YORK (AFP) Le gouvernement américain a démarré jeudi une vaste vente aux enchères de fréquences de téléphonie mobile, qui pourrait permettre à Google de devenir opérateur téléphonique national ou du moins d’ouvrir un boulevard à ses logiciels pour mobiles. La FCC (Federal Communications Commission), l’autorité américaine chargée des télécoms, vend cinq “blocs” de fréquences dans le spectre des 700 MHz, abandonnées par les chaînes de télévision analogiques qui doivent passer au tout-numérique en février 2009. Ces fréquences, qui couvrent tout le territoire, seront idéales pour l’internet mobile: elles transmettent les données à un débit 10 fois plus élevé que les signaux cellulaires et traversent mieux les murs. Les enchères dureront plusieurs semaines. La FCC annoncera chaque jour l’offre la plus élevée, mais pas le nom du candidat, et ne révèlera les gagnants que dix jours après la fin des enchères, probablement courant mars. Premières du genre aux Etats-Unis, ces enchères permettront de créer un réseau national ouvert à n’importe quel appareil mobile, une condition posée par la FCC à la demande d’associations et d’entreprises, Google en tête. Jusqu’ici, contrairement à l’Europe, ce sont les opérateurs téléphoniques qui sélectionnent les appareils et les services acceptés sur leur réseau. Le gouvernement américain espère lever 10 à 15 milliards de dollars. Mais rien n’est moins sûr, car elles se déroulent au pire moment, alors que la chute de la Bourse empêche les candidats de lever des fonds pour financer leur offre. En témoigne le récent retrait de l’un des candidats les plus attendus, Frontline, une start-up californienne qui devait concourir pour les fréquences destinées aux services d’urgences (bloc D) et vient de renoncer, faute de fonds. La FCC elle-même a reconnu récemment que le moment était peu propice, mais le calendrier est fixé par la loi. Dans ce contexte, même si 214 entreprises sont inscrites, les seuls trois grands candidats réels seront les opérateurs ATT et Verizon, et Google, même si les analystes s’interrogent sur les intentions réelles de ce dernier. Tous les autres, comme l’opérateur régional Alltel, ne devraient participer que pour de petites tranches dans les zones géographiques qui leur manquent, estiment-ils. “Ces enchères n’auraient pas pu tomber à un pire moment, vu l’état des marchés”, a commenté à l’AFP Gerry Granovsky, analyste de Moody’s Investors Service. “Si la FCC avait pu, elle les aurait sûrement reportées”. “Et pour Google, je suis très sceptique: il a déclaré publiquement qu’il enchérirait pour au moins les 4,6 milliards minimum demandés pour le bloc C (celui qui offre une couverture nationale), mais il pourrait laisser Verizon ou ATT gagner, car construire un réseau lui coûterait 6 milliards de plus”. Grâce à ces fréquences, ATT et Verizon pourront proposer l’internet mobile à un débit aussi élevé qu’à domicile. “Mais Google peut encore nous surprendre” en présentant l’offre la plus élevée, a nuancé l’analyste de Stifel Nicolaus, Blair Levin. Les associations de défense des consommateurs espèrent elles aussi l’arrivée d’un nouvel entrant. En offrant le minimum requis, même sans gagner, Google déclenchera la clause de “réseau ouvert” promise par la FCC, ouvrant ainsi un boulevard à sa nouvelle plate-forme pour téléphones mobiles, annoncée en novembre. Sans besoin de l’accord de l’opérateur, il pourrait donc proposer sur ce nouveau réseau mobile des téléphones équipés de sa plate-forme Android, comprenant ses divers services (recherche internet, courriels, cartes…) et préempter le prometteur marché de la publicité sur mobile. Voire, selon M. Granovsky, commercialiser ses propres Google Phone. |
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