USA : un plan de relance bienvenu, mais qui tardera sans doute à faire effet

 
 
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Le président George W. Bush (D) et le secrétaire au Trésor Henry Paulson à la Maison Blanche à Washington, le 24 janvier 2008 (Photo : Saul Loeb)

[25/01/2008 07:54:39] WASHINGTON (AFP) Le plan de relance américain dévoilé jeudi constitue un ballon d’oxygène bienvenu, mais les analystes avertissent qu’il risque de porter ses fruits trop tard pour éviter une récession de la première économie mondiale.

“Mettre de l’argent dans la poche des consommateurs est la meilleure façon de relancer l’économie”, assure Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland, pour qui le plan de relance est “une bonne chose”.

Partant de ce constat, l’administration Bush et les parlementaires ont trouvé un terrain d’entente jeudi sur un plan d’environ 150 milliards de dollars, qui ferait la part belle aux remises d’impôts pour les ménages et augmenterait les déductions fiscales pour les entreprises.

La Bourse a applaudi, finissant la séance en nette hausse jeudi, alors que l’ébauche du plan vendredi avait provoqué la panique sur les places boursières mondiales.

Il faut dire que les mesures sont cette fois plus concrètes, et qu’elles interviennent après la spectaculaire baisse des taux décidée mardi par la banque centrale.

“Lancer en toute hâte ce plan de relance a, avant tout, un bénéfice psychologique”, estime l’économiste indépendant Bernard Baumohl.

En voyant les responsables de tout bord monter au créneau, les Américains pourraient retrouver confiance dans l’avenir et consommer assez pour relancer la machine. Surtout si les remises d’impôts, pouvant atteindre 1.600 dollars pour un couple, arrivent sous forme d’un chèque bien concret dans la boîte aux lettres.

Mais l’effet de ces remises d’impôts reste incertain.

“Tout l’argent ne sera pas dépensé. L’expérience prouve qu’un tiers environ sert à rembourser des dettes, et une partie va aussi à l’épargne”, souligne M. Baumohl.

Les économistes soulignent aussi que l’argent risque d’arriver tard dans la poche des consommateurs, peut-être à l’été seulement, étant donné que le fisc américain va être très pris jusqu’au 15 avril par les déclarations d’impôts, et qu’il ne pourra sans doute par consacrer tout son personnel au calcul des remises fiscales.

“Ce plan n’agira pas avant plusieurs mois”, assure Lawrence Mishel, le président de l’Economic Policy Institute (proche des démocrates).

Il déplore aussi qu’un certain nombre de projets aient été abandonnés en route, alors que “le problème de fond est que nous avons besoin de mesures pour amortir la hausse du chômage”.

Les pistes favorites des démocrates étaient l’extension des allocations chômage et la distribution de bons d’aide alimentaire. Ces mesures ont généralement un effet très rapide, assurent leurs partisans.

“Toutes deux pourraient injecter du pouvoir d’achat dans les deux mois à venir”, affirme Robert Greenstein, le président du Center on Budget and Policy Priorities.

A l’appui de sa thèse, il cite une étude du centre de recherche economy.com montrant que chaque dollar supplémentaire dépensé en allocations chômage génère 1,64 dollar d’activité économique. Pour les bons d’aide alimentaire, chaque dollar entraîne 1,73 dollar d’activité.

Ce point de vue est contesté par Rea Herderman, de l’Heritage Foundation (proche des républicains), pour qui augmenter les allocations chômage maintient de fait les salariés dans cette situation plus longtemps.

“La meilleure part du plan est la baisse d’impôts pour les entreprises. Cela devrait augmenter leurs investissements, et donc créer des emplois et renforcer l’économie”, ajoute l’analyste.

Une vision nuancée par certains. “Ce dont les entreprises ont vraiment besoin, ce sont des clients, pas des subventions”, assure M. Baumohl.

 25/01/2008 07:54:39 – © 2008 AFP