La chute du gouvernement Prodi plonge Alitalia dans les turbulences

 
 
CPS.HZQ78.250108152405.photo00.quicklook.default-190x245.jpg
Le Premier ministre italien Romano Prodi au Sénat italien, le 24 janvier 2008, à Rome. (Photo : Alberto Pizzoli)

[25/01/2008 14:26:02] MILAN (AFP) Alitalia a replongé dans l’incertitude vendredi avec la chute du gouvernement de Romano Prodi qui avait décidé de vendre la compagnie à Air France-KLM, mais l’état critique des finances du transporteur italien rend très risqué tout nouveau retard ou changement de cap.

Avant la démission de M. Prodi, plusieurs ministres avaient tenté de rassurer en affirmant que l’incertitude politique ne troublerait pas les négociations entre Alitalia, détenue à 49,9% par l’Etat, et Air France-KLM.

“La compagnie a été chargée de conduire les négociations et le président Maurizio Prato est en train de les mener”, avait ainsi déclaré le ministre des Transports, Alessandro Bianchi mercredi.

Mais ce sont surtout les finances d’Alitalia, qui perd un million d’euros par jour, qui dictent le processus.

La compagnie a subi une perte de 626 millions d’euros en 2006 et la Commission européenne lui a interdit toute nouvelle injection d’argent public depuis sa dernière recapitalisation de 1 milliard d’euros fin 2005.

“Ou l’accord se fait, ou nous déposerons les livres de comptes au Tribunal”, a mis en garde mardi le vice-ministre de l’Economie, Vincenzo Visco.

Alitalia et Air France-KLM ont entamé à la mi-janvier des négociations exclusives d’une durée de deux mois maximum, soit d’ici mi-mars, qui doivent déboucher sur une offre ferme de reprise de la part de la compagnie franco-néerlandaise.

“Il s’agit de la dernière chance pour Alitalia. Il n’y aura pas de temps pour de nouvelles alternatives”, avait prévenu Maurizio Prato fin décembre, après la décision d’ouvrir des discussions avec Air France-KLM.

Mais en dépit de l’urgence de la situation, une partie de la classe politique, en particulier les élus de droite de la région de Milan (nord), est opposée à la vente à Air France-KLM, refusant de voir l’aéroport de Milan-Malpensa privé de son rôle de hub (plate-forme de transit).

CPS.HZQ78.250108152405.photo01.quicklook.default-245x152.jpg
Des avions d’Air France et d’Alitalia, à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle (Photo : Jack Guez)

Roberto Formigoni, président de droite de cette région, la Lombardie, a ainsi demandé un “moratoire” sur la décision de la compagnie franco-néerlandaise de réduire la présence d’Alitalia à Milan, poumon économique de l’Italie.

Un responsable de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, Giorgio Jannone, a réclamé la suspension des négociations avec Air France-KLM pour “évaluer la proposition concurrente”, celle de l’italien Air One soutenue par la banque Intesa Sanpaolo.

Le patron de la banque italienne, Corrado Passera, a ainsi profité de la situation pour rappeler, depuis Davos, que le “projet avec Air One est toujours prêt. Nous espérons qu’il pourra progresser”.

Les syndicats sont de leur côté divisés sur la marche à suivre. Les responsables dans le nord du pays des grandes centrales font pression pour revoir le projet d’Air France-KLM sur Malpensa mais plusieurs syndicats catégoriels sont favorables à une conclusion rapide avec la compagnie franco-néerlandaise.

“Nous avons quelques préoccupations en raison de la situation politique mais les négociations doivent être menées à bien avec Air France”, estime un responsable de l’Anpac (assistants de vol), Ricardo Cesari.

Le syndicat des pilotes Anpac a souligné mercredi, après une rencontre avec le patron d’Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, qu’il soutenait son projet et affirmé que la compagnie franco-néerlandaise voulait conclure les négociations d’ici fin février.

 25/01/2008 14:26:02 – © 2008 AFP