La paralysie des mines en Afrique du Sud propulse l’or à un nouveau record

 
 
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Une mine d’or près de Johannesburg, en Afrique du Sud. (Photo : Alexander Joe)

[25/01/2008 18:52:06] LE CAP (AFP) Le cours mondial de l’or a été propulsé à un nouveau record vendredi par une paralysie des mines en Afrique du Sud, provoquée par la pénurie d’électricité qui affecte la première économie du continent et que le gouvernement a qualifiée d'”urgence nationale”.

Trois géants miniers opérant dans ce pays, premier producteur d’or mondial, ont suspendu leurs activités. AngloGold Ashanti, Gold Fields et Harmony ont pris cette décision après avoir été informés par la compagnie publique d’électricité Eskom qu’elle ne pouvait garantir l’approvisionnement des mines.

Le premier producteur mondial de diamants, De Beers, a également annoncé vendredi la suspension de ses activités, pour la même raison.

“La ventilation minimale, le pompage, l’éclairage et tous les services qui en dépendent vont se poursuivre, tandis que les opérations quotidiennes sont interrompues”, a expliqué un porte-parole du diamantaire, Tom Tweedy, évoquant une consommation de courant réduite “au strict nécessaire”.

De son côté, Gold Fields a expliqué dans un communiqué qu’Eskom lui avait demandé de “réduire sa consommation (d’électricité) le plus possible”.

Harmony a précisé à l’AFP que les mineurs avaient été renvoyés chez eux.

AngloGold Ashanti a ajouté ne maintenir que des activités de pompage dans des galeries inondées par de fortes pluies.

Après cette annonce, l’or a atteint de nouveaux records vendredi à Londres à 923,73 dollars l’once.

Le gouvernement a qualifié la crise énergétique d'”urgence nationale” et s’est excusé, promettant d’améliorer la situation en vue du Mondial de football de 2010.

“Les coupures de courant, sans précédent et non planifiées, doivent être traitées comme une urgence nationale”, a déclaré le ministre des Entreprises publiques Alec Erwin au nom de la présidence.

Le gouvernement souhaite diminuer la demande par une augmentation des tarifs, des quotas de rationnement, des économies d’énergie, ainsi que le recours au gaz et à l’énergie solaire.

Eskom a déjà été autorisée cette semaine à augmenter ses tarifs de 14,2%, très au dessus du taux officiel d’inflation, d’environ 7%.

L’Afrique du Sud, dont la capacité de production est de 38.500 mégawatts, entend économiser 3.500 mégawatts d’ici 2010.

M. Erwin a affirmé qu’il n’était “pas question d’arrêter” les grands projets d’investissements et que la Coupe du Monde, organisée par l’Afrique du Sud, ne serait pas affectée.

“Il n’y a aucune menace contre une organisation réussie de l’évènement étant donné que les projets pour assurer la sécurité électrique sont bien avancés”, a-t-il assuré, précisant que la construction et la modernisation des centrales électriques seraient accélérées.

Plusieurs régions du pays sont régulièrement plongées dans l’obscurité depuis le début de l’année, Eskom procédant à des délestages systématiques, mais Johannesburg est la plus touchée.

Des analystes ont mis en garde contre une fuite des investisseurs.

Eskom a jugé qu’il serait insensé d’attirer de nouveaux projets industriels, alors que les entreprises ont déjà subi des pertes de plus de deux milliards de rands (200 millions EUR).

Mais le ministre a affirmé qu’il n’était “pas question d’arrêter des projets en cours ou d’en geler de nouveaux”, indiquant toutefois que ceux-ci seraient systématiquement évalués. “Un de nos principaux objectifs est de nous assurer de maintenir notre croissance économique” d’environ 5% par an.

Il a cependant admis que le pays n’accepterait plus de grands projets tels que la fonderie d’aluminium construite par le groupe canadien Alcan dans la province de l’Eastern Cape (sud).

Et il a reconnu que le gouvernement n’avait pas prévu le boom de la croissance économique et donc de la demande d’électricité. “Le chef de l’Etat a admis que le gouvernement s’était trompé dans ses prévisions.”

 25/01/2008 18:52:06 – © 2008 AFP