[27/01/2008 11:22:43] PARIS (AFP)
Jérôme Kerviel, le trader mis en cause par la Société Générale pour une “fraude” record de 4,9 milliards d’euros à son encontre, était toujours en garde à vue dimanche à 12H00 dans les locaux de la brigade financière à Paris alors que le pourquoi et le comment de cette affaire restaient sans réponse. A l’issue de 24 heures de garde à vue, soit dimanche vers 14H00, la procédure prévoit que le parquet se prononce sur une prolongation -ce qui devrait être le cas-, celle-ci ne pouvant pas excéder 24 heures supplémentaires. Ensuite, Jérôme Kerviel sera soit remis en liberté soit présenté au parquet, qui pourrait alors ouvrir une information judiciaire et transmettre le dossier à un juge d’instruction en vue de sa mise en examen. Samedi depuis New Delhli où il achevait une visite officielle, le président Nicolas Sarkozy a résumé la stupeur qui s’est manifestée dans le monde à l’annonce de cette “fraude” massive. Il a fustigé “un système financier qui marche sur la tête et qui perd de vue sa finalité”, et permet de réaliser “des profits gigantesques” et des “pertes gigantesques en quelques heures”.
Depuis samedi 14H00, les enquêteurs interrogent donc Jérôme Kerviel sur la manière dont il a contourné les multiples protections de la banque, pour savoir s’il a agi seul, et sur ses motivations. La possibilité qu’il soit un “hacker” (pirate informatique) est envisagée, selon des sources proches du dossier. “Il collabore et est prêt à s’expliquer”, a affirmé laconiquement à la presse samedi soir Jean-Michel Aldebert, chef de la section financière au parquet de Paris. Alors que les médias du monde entier étaient, depuis l’annonce jeudi par la Société Générale de cette “fraude”, à la recherche du trader de 31 ans, M. Aldebert a confirmé ce que son avocate, Elisabeth Meyer, avait assuré dès jeudi soir, à savoir qu’il n’était “pas en fuite”. “Il s’est présenté spontanément aux services de police”, a-t-il dit. Selon des sources proches du dossier, la police et la banque ont toujours su où il était, chez des amis en région parisienne pour échapper à la presse. Il a été convenu d’un rendez-vous avec les enquêteurs qui l’ont ensuite conduit au siège de la brigade financière. Devenu du jour au lendemain une célébrité mondiale, l’homme qui a fait perdre à une banque la somme d’argent la plus colossale de l’histoire financière, Jérôme Kerviel est, selon des sources proches du dossier, totalement dépassé par les événements et fragile psychologiquement. Son placement en garde à vue est intervenu au lendemain d’une perquisition à son domicile de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et d’une remise de documents informatiques aux policiers par la Société Générale. Le parquet de Paris est saisi actuellement de deux plaintes. La première contre X a été déposée jeudi matin au nom d’un petit porteur pour “escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux, complicité et recel” et a conduit à l’ouverture d’une enquête préliminaire, confiée à la brigade financière. La seconde a été déposée par la Société Générale contre M. Kerviel pour “faux et usage de faux” et “atteinte au système de traitement automatisé des données”. Alors que les explications de la banque sur ses pertes colossales ont suscité l’incrédulité voire les critiques, le PDG Daniel Bouton s’est défendu samedi dans un entretien au Figaro, réfutant notamment toute dissimulation. |
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