OMC : les négociations déboucheront en 2008 ou jamais

 
 
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Pascal Lamy, le 26 janvier 2008 à Davos (Photo : Fabrice Coffrini)

[27/01/2008 11:26:49] DAVOS (AFP) Les pays membres de l’OMC vont tenter de conclure cette année leur négociation sur la libéralisation du commerce mondial, sachant qu’un nouveau report serait fatal aux discussions qui piétinent depuis six ans.

“Aujourd’hui, tous les membres sont conscients que si nous ne concluons pas le cycle en 2008 nous ne le ferons probablement jamais”, a reconnu samedi la ministre suisse de l’Economie, Doris Leuthard, qui a reçu à Davos les principaux acteurs de la négociation.

La vingtaine de ministres du Commerce réunis en marge du Forum économique mondial se sont donné pour objectif de parvenir à un accord d’ici à avril sur les deux grands dossiers du cycle de négociation de Doha lancé en 2001 dans la capitale du Qatar: l’agriculture et la baisse des droits de douane sur les produits industriels.

Les négociations auraient déjà dû être conclues à la fin de 2004.

“Les deux à trois mois qui viennent vont être cruciaux”, a observé le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, l’un des principaux animateurs du groupe des pays émergents en pointe contre les subventions agricoles des pays du Nord.

Mais les ministres, qui ne s’étaient pas vus depuis un an, ne se retrouveront à Genève que si leurs ambassadeurs ont pu trouver un équilibre dans les concessions Nord-Sud à faire entre l’agriculture et les produits industriels, a averti Mme Leuthard.

A Davos, le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, a répété qu’un accord serait le meilleur moyen d’écarter le risque protectionniste accru par la crise financière mondiale.

Un échec des négociations “serait une nouvelle extrêmement mauvaise” dans les actuelles “turbulences” de l’économie mondiale, avec “moins de croissance et davantage de pauvreté”, a-t-il averti.

La plupart des ministres ont voulu croire qu’un accord était enfin “faisable” en 2008, a rapporté la ministre suisse.

Mais le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a jeté un froid en évoquant ouvertement “l’enterrement” des négociations.

Lors d’un débat public aux côtés de ses homologues et de M. Lamy, M. Mandelson a dit douter qu’après un échec de l’OMC en 2008 le prochain président américain ait pour priorité une relance des négociations. Le commissaire européen s’attend à l’inverse à une prolifération d’accords de libre-échange bilatéraux ou régionaux, qui sonneraient le glas du cycle de Doha.

Enfonçant le clou, M. Mandelson a rapporté des propos qui lui ont été tenus récemment par des représentants de milieux d’affaires européens.

“Ils m’ont dit: ‘Si, durant l’année, vous constatez que le cycle ne va pas réussir, ne le laissez pas agoniser, enterrez-le correctement en extrayant les éléments intéressants qui ont déjà été négociés'”, a-t-il rapporté.

Interrogée sur ces propos de M. Mandelson, son homologue américaine Susan Schwab a estimé qu’en cas d’échec, les négociations risquaient plutôt de “partir à la dérive”. “Je ne sais pas si les milieux d’affaires auront besoin d’une déclaration formelle disant que le cycle est terminé”, a-t-elle déclaré.

Mme Schwab a appelé le secteur privé à faire pression sur les gouvernements en faveur d’un accord.

“Les groupes de pression agricoles de chaque pays pèsent probablement plus lourds que ceux qui représentent les services ou l’industrie”, a-t-elle reconnu.

 27/01/2008 11:26:49 – © 2008 AFP