[27/01/2008 23:07:27] PARIS (AFP)
Jérôme Kerviel, le trader en garde à vue auquel la Société Générale impute une “fraude” record de 4,9 miiliards d’euros, a clamé son innocence dimanche via ses avocats, qui ont mis en cause la banque alors que l’enquête progresse, selon le parquet, de manière “extrêmement fructueuse”. Evoquant l’affaire de la Société générale, Henri Guaino, conseiller du président Nicolas Sarkozy, a affirmé dimanche qu’il fallait réfléchir à “la manière de corriger les règles” d’un système bancaire “devenu fou”, lors du grand jury RTL/Le Figaro/LCI. “C’est un système de fraude visiblement qui a été découvert par la Société générale”, a déclaré sur France 5 le ministre délégué au budget Eric Woerth. “J’imagine qu’on pointe du doigt ce trader d’une façon précise parce que c’est le cas”, a-t-il poursuivi. “Mais je pense que la Société générale a dû faire le tour du sujet et met en cause l’un de ses employés à juste titre”, a dit le ministre. La Société Générale a en outre affirmé dimanche après-midi que les positions frauduleuses prises par ce courtier de 31 ans atteignaient “environ 50 milliards d’euros” avant que la banque ne ramène sa perte à 4,9 milliards d’euros. Les avocats de M. Kerviel ont déclaré par téléphone que leur client n’avait “commis aucune malhonnêteté”, accusant la banque de vouloir “élever un écran de fumée” pour masquer ses pertes.
La garde à vue du courtier, entamée samedi peu avant 14H00 dans les locaux parisiens de la brigade financière, a été prolongée de 24 heures dimanche. A l’issue de ces 48 heures, il sera soit remis en liberté, soit présenté au parquet de Paris, qui pourrait alors ouvrir une information judiciaire et transmettre le dossier à un juge d’instruction en vue de sa mise en examen. Les enquêteurs ont interrogé M. Kerviel sur la manière dont il a contourné les multiples protections de la banque, pour savoir s’il a agi seul, et sur ses motivations. La possibilité qu’il soit un “hacker” (pirate informatique) est envisagée, selon des sources proches du dossier. La Société Générale a expliqué, dans un communiqué, que “la position frauduleuse découverte le dimanche 20 janvier (s’élevait) à environ 50 milliards d’euros”. Un dirigeant de la banque a réaffirmé que “rien à ce stade ne (permettait) de penser” que le trader mis en cause avait “bénéficié de complicités tant internes qu’externes”, même s’il ne pouvait pas l'”assurer à 100%”.
Alors que les explications de la banque sur ses pertes colossales ont suscité l’incrédulité, voire les critiques, les avocats de Jérôme Kevriel ont contre-attaqué dimanche soir. Mes Elisabeth Meyer et Christian Charrière-Bournazel ont dénoncé “les conditions volontairement précipitées et tout à fait anormales” dans lesquelles la banque “a liquidé des positions qui auraient pu se redresser avec le temps”. Parlant du “scandale de la Société Générale” et dénonçant le “lynchage médiatique” de leur client, les deux avocats ont accusé le PDG de la Société Générale Daniel Bouton d’avoir “taxé” Jérôme Kerviel “de fraude” et de l’avoir “livré aux chiens”. Selon eux, leur client “qui a été formé par la banque à faire du profit, n’a commis aucune malhonnêteté et n’a pas détourné un seul centime et n’a profité d’aucune manière des biens de la banque”. “En s’acharnant sur Jérôme Kerviel, la banque croit pouvoir élever un écran de fumée qui détournerait l’attention du public de pertes beaucoup plus substantielles qu’elle a accumulées ces derniers mois, notamment dans l’invraisemblable équipée des +subprimes+”. Une porte-parole de la banque n’a pas souhaité commenter les déclarations des avocats de M. Kerviel. |
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