[28/01/2008 09:11:59] PARIS (AFP) La garde à vue de Jérôme Kerviel, qui a clamé dimanche son innocence par l’intermédiaire de ses avocats, doit s’achever lundi en début d’après-midi et ce trader, mis en cause par la Société Générale pour une “fraude” de 4,9 milliards d’euros à son encontre, pourrait être présenté à la justice dans la foulée. Le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, tiendra ce lundi à 11H30 en son cabinet au palais de justice de Paris (3e étage, entrée au 34 Quai des Orfèvres) une conférence de presse relative à la fraude imputée par la Société générale à l’un de ses traders, a annoncé le parquet. L’avocat de Jérôme Kerviel, Christian Charrière- Bournazel, s’est déclaré lundi matin “convaincu” que le courtier, mis en cause par la Société Générale pour une perte de 4,9 milliards d’euros, serait remis en liberté à l’issue de sa garde à vue qui devrait intervenir cette après-midi. “J’ai tout à fait confiance dans les magistrats” qui vont instruire cette affaire, a-t-il ajouté, précisant qu’il avait “l’intention évidemment de demander l’audition de tous les responsables de la banque”. Interviewé juste avant lui, le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, a qualifié M. Kerviel de “fraudeur formidablement dissimulateur” pour expliquer comment le trader de 31 ans avait réussi à déjouer tous les systèmes de contrôles internes. “Daniel Bouton prend la responsabilité des propos qu’il tient et qui sont diffamatoires”, a réagi Me Charrière-Bournazel. Jérôme Kerviel “est un garçon qui n’a pris aucun intérêt personnel, aucun centime, tout le monde le sait. L’expression de fraudeur est tout à fait déplacée et l’attitude de la banque, elle, est incompréhensible”, a poursuivi l’avocat. Les deux conseils de M. Kerviel accusent la banque de vouloir “élever un écran de fumée qui détournerait l’attention du public de pertes beaucoup plus substantielles qu’elle a accumulées ces derniers mois, notamment dans l’invraisemblable équipée des subprimes”. “Je dis une chose que nous démontrerons”, a assuré Me Charrière-Bournazel. La garde à vue, entamée samedi peu avant 14H00 dans les locaux parisiens de la brigade financière, dans le XIIIe arrondissement, a été prolongée de 24 heures dimanche et doit donc s’achever lundi en début d’après-midi. A l’issue de ces 48 heures légales de garde à vue, le courtier sera soit remis en liberté, soit présenté au parquet de Paris, qui pourrait alors ouvrir une information judiciaire et transmettre le dossier à un juge d’instruction en vue de sa mise en examen. Dimanche soir, ses avocats, Elisabeth Meyer et Christian Charrière Bournazel, ont clamé son innocence et mis en cause la banque. Ils l’ont accusée de voulir “élever un écran de fumée” pour détourner l’attention du public “de pertes beaucoup plus substantielles (…) accumulées notamment dans l’invraisemblable équipée des subprimes”. La banque n’a pas souhaité commenter ces déclarations.
Dimanche, le chef de la section financière du parquet de Paris a souligné que l’enquête progressait de manière “extrêmement fructueuse”. Le magistrat a précisé que Jérôme Kerviel avait apporté “des éléments très intéressants” aux enquêteurs qui tentent d’y voir clair sur la manière dont il aurait contourné les multiples protections de la banque. Les enquêteurs cherchent aussi à savoir s’il a agi seul et à connaître sur ses motivations. La possibilité qu’il soit un “hacker” (pirate informatique) est envisagée, selon des sources proches du dossier. La Société Générale a pour sa part expliqué dimanche que les positions frauduleuses prises par le courtier atteignaient “environ 50 milliards d’euros” avant que la banque ne ramène sa perte à 4,9 milliards d’euros. Selon un dirigeant de la Société Générale, “rien à ce stade ne permet de penser” que le trader mis en cause a “bénéficié de complicités tant internes qu’externes”, même s’il ne pouvait pas l'”assurer à 100%”. |
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