Dans un marché sinistré, les producteurs de musique espèrent une embellie

 
 
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Entrée du Midem à Cannes, le 26 janvier 2008 (Photo : Valery Hache)

[28/01/2008 14:50:13] CANNES (AFP) 2007 a été une nouvelle année très difficile pour le marché de la musique en France avec une baisse de 17,4% en valeur, mais les producteurs de disques veulent croire qu’une embellie est possible pour 2008 et espèrent un basculement des consommateurs vers l’offre légale en ligne.

Selon les chiffres dévoilés par le Snep, le principal syndicat de producteurs, lundi au Midem, le marché de gros (livraisons des maisons de disques aux magasins) a représenté 713 millions d’euros l’an passé contre 862,6 en 2006. Cela inclut les ventes physiques (CD et DVD) et numériques (internet et téléphonie mobile).

Au sein de ce marché global, la baisse des ventes physiques a été de 19,2% (662 millions d’euros), un record depuis cinq ans, et est toujours loin d’être compensée par le numérique, en hausse de seulement 16,6% (50,8 millions d’euros).

Depuis le début de la crise en 2002, attribuée par les producteurs au téléchargement pirate, le marché global a connu une chute abyssale de 45%, passant de 1,3 milliard à 713 millions d’euros.

En France, le numérique ne représente que 7% du marché total. L’Hexagone se situe au dessous de la moyenne mondiale aussi bien au niveau de la part de marché du numérique (15%) que de sa progression en 2007 (+40% dans le monde, 16,6% en France).

Autre spécificité, la part importante de la téléphonie dans ce marché numérique avec 58,7% (29,8 M euros) contre 41,3 (21 M) pour internet.

Pour autant, dans ce marasme, les producteurs veulent voir des raisons d’espérer.

Primo, ils attendent énormément de l’accord signé le 23 novembre à l’Elysée avec l’Etat et les fournisseurs d’accès internet, après la mission confiée au PDG de la Fnac, Denis Olivennes. Ils espèrent qu’il permettra de juguler le téléchargement pirate et de faire décoller l’offre légale en ligne.

Dimanche, la ministre de la Culture Christine Albanel a indiqué que le projet de loi issu de l’accord serait déposé au Sénat au printemps en vue d’une adoption par le Parlement avant l’été.

Il prévoit l’installation d’une autorité chargée d’envoyer des messages d’avertissement aux pirates, suivis de la suspension de leur abonnement internet en cas de récidive.

“Nous voudrions que ces mesures soient appliquées le plus tôt possible et de manière massive”, a commenté Christophe Lameignère, président du Snep et de la major Sony-BMG France.

Selon le Snep, lors d’un test mené par Warner aux Etats-Unis, 70% des pirates ont cessé de télécharger illégalement dès réception du premier message d’avertissement et 90% au deuxième.

De plus, les producteurs se sont fixé plusieurs objectifs pour redynamiser la filière en 2008. Parmi elles, la réduction du taux de TVA sur le disque et la musique en ligne, un vieux serpent de mer.

Malgré l’hostilité passée de la Commission européenne et le fait qu’une modification requiert l’unanimité des pays membres, Mme Albanel s’est dite dimanche “assez optimiste” sur le sujet, que la France devrait aborder à l’occasion de la présidence de l’Union européenne au deuxième semestre.

Autre fait encourageant, la bonne santé relative de la production française avec l’émergence de jeunes artistes comme Christophe Maé, Christophe Willem, Renan Luce ou Rose.

Enfin, si les producteurs misent sur de nouveaux modèles pour l’offre en ligne, notamment par abonnement, certains estiment qu’il ne faut pas enterrer le CD trop vite.

“Le CD est un magnifique produit et il ne va pas mourir. Il va devenir de plus en plus interactif”, a jugé le patron d’EMI France, Jean-François Cécillon.

 28/01/2008 14:50:13 – © 2008 AFP