High-tech : Précarité pour les uns ; prospérité pour les autres

High-tech : Précarité pour les uns ; prospérité pour les autres

Par Imededdine Boulaâba

La transparence, la fluidité et l’efficacité des circuits commerciaux sont
rien de moins que la clef d’un développement durable, annonciateur d’une
prospérité future. Les pionniers du high-tech dans le pays, gardiens du
commerce de gros et interlocuteurs privilégiés des grandes marques
internationales, doivent à tout prix se soucier de la pérennité de tous les
segments d’un marché prometteur, en intégrant, dans leur démarche
commerciale, une dimension sociale, seule à même d’éviter au secteur de
l’informatique les errements du monopole et de la saturation.

 

Les revendeurs, quel avenir ?

 

Au début des années quatre vingt dix, les nouvelles technologies de
l’information faisaient leur apparition dans le pays, ouvrant ainsi des
perspectives prometteuses pour les décideurs informaticiens et les
développeurs de l’économie immatérielle. Le « hardware » (P.C, imprimantes,
périphériques…) envahit des pans entiers du réseau productif national, ce
qui a amené les pouvoirs publics à structurer un secteur en plein essor avec
la création d’un secrétariat d’Etat, appelé à légiférer et à organiser les
relations entre toutes les parties prenantes de l’acte commercial.

 

«Le commerce de gros et de détail traverse actuellement une période de
défiance et de crise», assure l’un des premiers revendeurs de matériel
high-tech dans la capitale, qui dénonce la concurrence déloyale de certains
grossistes, coupables à ses yeux, de jouer les détaillants, pénalisant ainsi
toute une chaîne de petites entreprises, pourvoyeuses potentielles d’emplois
et socle sociale indispensable à l’économie du savoir.

 

Des baronnies du secteur, insiste notre interlocuteur, copropriétaires de
plusieurs succursales spécialisées dans le hardware, n’hésitent pas à lancer
des promotions tout au long de l’année, à fidéliser la clientèle finale, ce
qui est de nature à déstructurer le circuit commercial habituel et à
décrédibiliser les lois en vigueur. Les vrais perdants, dans cette spirale
irrépressible, déplore notre vis-à-vis, sont les « managers-juniors »,
diplômés prestigieux et animateurs incontestés de l’économie numérique
future, qui s’estiment lésés et souvent exclus d’un marché, porteur d’avenir
et favorisant, par essence, l’émulation et la compétence.

 

Les pouvoirs publics à la rescousse

 

Un membre de la chambre syndicale des sociétés d’informatique, rencontré
lors des journées « open days Microsoft », juge la colère des revendeurs
injustifiée, refuse le procès des représentants du commerce de gros et
conseille plutôt les promoteurs des petites entreprises high-tech de se
spécialiser en formant leur personnel dans les activités de la maintenance
et de l’accompagnement pour tirer le meilleur partie des nouvelles
technologies.

 

«Initialement voués à la vente exclusive, les succursales du détail, pour
faire face à la pression de la concurrence, doivent réorienter leurs
stratégies commerciales en anticipant les besoins d’une clientèle, avide
d’expertise et d’interopérabilité, juge notre interlocuteur qui insiste sur
la volonté des pouvoirs publics d’assainir le secteur, de favoriser, à
travers des cahiers de charges et des textes juridiques précis, une saine
émulation entre les différents acteurs et décideurs informaticiens.

 

«Les positions dominantes constituent un frein aux lois de la libre
concurrence, explique un jeune promoteur, présent pendant les sessions
«d’open days», et l’État, dit-il, se doit d’épauler la chaîne des revendeurs
en facilitant l’accès aux crédits, en accentuant les mesures de contrôle
afin d’atténuer les effets néfastes des tendances monopolistiques sur un
marché émergeant où l’employabilité dépend de la capacité de survie des
petites et moyennes entreprises, confrontées aux dures réalités de
concurrents sans scrupules .

 

Le SIB, à la croisée des chemins

 

A l’instar des éditions précédentes, le salon de l’informatique et de la
bureautique de cette année a attiré tous les férus des nouvelles
technologies high-tech. Seulement, les professionnels ne s’attendaient pas à
voir l’image de leur foire annuelle péricliter aux yeux d’un grand nombre de
clients potentiels qui se sont élevés contre les conditions constatées tout au long d’une manifestation, supposée
avant-gardiste dans son fonctionnement et ses objectifs.

 

«Malheureusement, nous dit un habitué des lieux, le SIB 2007 s’est
transformé en un gigantesque souk, comparé volontiers à celui de Moncef Bey,
insiste notre interlocuteur qui s’indigne de l’incompétence de certains
exposants, et de l’absence des grandes marques internationales. De l’avis de beaucoup
d’observateurs avertis, la teneur du dernier salon de l’informatique et de
la bureautique reflète la situation d’un secteur à la recherche d’une
éthique collective et d’un sursaut salutaire des gens du métier.