Société Générale : la pression monte sur le PDG Daniel Bouton

 
 
CPS.IAH27.290108201909.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Daniel Bouton, le 24 janvier 2008 Paris (Photo : Martin Bureau)

[29/01/2008 19:22:19] PARIS (AFP) La pression est montée mardi sur le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton , poussé à la démission par plusieurs dirigeants politiques, alors que le gendarme de la Bourse a ouvert une enquête après d’énormes ventes de titres par un administrateur de la banque.

Le trader Jérôme Kerviel , accusé d’avoir fait perdre 4,82 milliards d’euros à la banque, a été mis en examen lundi soir notamment pour “abus de confiance”, “faux et usage de faux” et laissé en liberté sous contrôle judiciaire.

Lors de sa garde à vue, le trader a suggéré que sa hiérarchie était au courant de l’importance des sommes qu’il avait engagées, a-t-on appris mardi. Un propos aussitôt démenti par l’avocat de la Société Générale, Jean Veil, qui a accusé M. Kerviel d’avoir “menti”.

La Société Générale s’est constituée partie civile dans cette enquête mardi.

L’attention se porte désormais sur le PDG de la banque, Daniel Bouton. Le président Nicolas Sarkozy, a lancé la charge lundi soir, estimant qu’une telle crise ne pouvait “pas rester sans conséquences”.

“On est dans un système où, quand on a une forte rémunération qui est sans doute légitime, et qu’il y a un fort problème, on ne peut pas s’exonérer des responsabilités”, a-t-il affirmé.

CPS.IAH27.290108201909.photo01.quicklook.default-245x163.jpg
Daniel Bouton, le 24 janvier 2008 Paris (Photo : Martin Bureau)

La ministre de la Justice, Rachida Dati a abondé en ce sens tandis que le président de la commission des Finances du Sénat, le centriste Jean Arthuis, estimait que Daniel Bouton ne pouvait “pas faire autrement que partir”.

Plus prudente, la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a déclaré qu’elle n’était “pas convaincue” qu’il faille “changer de capitaine” à la tête de la Société Générale. Elle a jugé qu’il revenait “aux administrateurs” de décider du maintien ou non du PDG à son poste. Mme Lagarde doit être auditionnée en début de semaine prochaine par la Commission des Finances de l’Assemblée nationale.

A gauche, le ton se faisait conciliant: la députée PS Elisabeth Guigou a estimé qu’il ne fallait “rien faire qui fragilise la Société Générale” tandis que Michel Sapin, secrétaire national du PS à l’Économie et à la Fiscalité, a invité à “éviter la politique du bouc-émissaire”.

Daniel Bouton, 57 ans, à la tête de la banque depuis 1997, avait présenté la semaine dernière sa démission au conseil d’administration. Ce dernier l’avait refusée, lui donnant pour mandat de “remettre le groupe sur la voie de la croissance rentable”.

M. Bouton a affirmé lundi que sa démission était toujours sur la table.

Un conseil d’administration “ordinaire”, “prévu de longue date”, doit se tenir mercredi, a-t-on appris auprès d’un administrateur. L’ordre du jour n’a pas été précisé.

En outre, les soupçons de délit d’initié sont venus s’ajouter aux critiques sur le management depuis que l’Autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé d’énormes ventes d’actions par un des administrateurs de la banque.

Cet administrateur américain, Robert A. Day, a vendu pour 85,7 millions d’euros d’actions le 9 janvier, puis pour 40,5 millions d’euros le 18 janvier, le jour même où les premiers soupçons de “fraude” sont apparus.

L’AMF a ouvert mardi une enquête sur les échanges d’actions Société générale. L’Association des actionnaires minoritaires (Adam) avait réclamé dans la matinée l’ouverture d’une enquête pour “éventuelles opérations d’initiés” et “informations trompeuses”.

La Société Générale a affirmé que M. Day, comme les autres membres du conseil, “n’était pas informé des pertes de trading de J. Kerviel” avant de vendre ses actions.

En Bourse, le titre de la banque a décollé mardi, prenant 10,42% à 78,45 euros, sur fond de rumeurs de rachat, dans un marché en hausse de 1,92%.

Le Premier ministre, François Fillon, a prévenu que le gouvernement “ne laissera pas la Société Générale être l’objet de raids hostiles”.

 29/01/2008 19:22:19 – © 2008 AFP