Afrique du Sud : la pénurie d’électricité va porter un coup à la croissance

 
 
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Les feux de circulation du Cap, en Afrique du Sud, ne fonctinnent plus, faute d’électricité, le 21 janvier 2008 (Photo : Rodger Bosch)

[29/01/2008 14:58:38] JOHANNESBURG (AFP) Le gouvernement sud-africain, qui prévoyait une croissance annuelle de 5% jusqu’à la fin de la décennie, risque de ne pas atteindre ne serait-ce que la moitié de ce chiffre, du fait de la pénurie d’électricité affectant la première économie du continent.

“Allons-nous pouvoir atteindre une croissance de 3% étant donné la crise à laquelle est confronté le pays? Je ne le pense pas”, a estimé mardi Mike Schussler, économiste du cabinet de courtage T-Sec, à Johannesburg.

“Nous devrons peut-être nous contenter de 2% selon la gravité de la crise”, a-t-il déclaré à l’AFP.

En présentant son budget annuel en février 2007, le ministre des Finances, Trevor Manuel, avait dépeint un avenir radieux pour l’économie sud-africaine, tablant sur une croissance d’au moins 5% pour les années à venir.

Mais le gouvernement a déjà admis devoir mettre son optimisme en veilleuse, les économistes pensant que la pénurie de courant –qui se traduit par des délestages quotidiens de la part de la compagnie publique Eskom– va inévitablement entraîner une croissance plus faible.

Le secteur minier, pilier de l’économie sud-africaine, est paralysé depuis vendredi par les coupures, l’extraction d’or, de diamants et de platine notamment étant au point mort.

Certains investissements sont aussi en suspens.

Selon le Financial Times, la compagnie minière Rio Tinto envisage ainsi de remettre en question la construction d’une fonderie d’aluminium d’une valeur de 2,7 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros).

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Une employée de magasin s’éclaire à la bougie, le 21 janvier 2008 au Cap (Afrique du Sud) (Photo : Rodger Bosch)

Dick Evans, patron de Rio Tinto Alcan, division aluminium du groupe, a déclaré au quotidien britannique que le projet ne serait pas lancé tant que la compagnie ne sera pas “absolument convaincue que l’approvionnement électrique est assuré”.

Pour Razia Khan, analyste pour l’Afrique du cabinet Standard Chartered, la pénurie, due à un manque de modernisation des infrastructures, va infliger un “choc” à la croissance dont le taux annuel pourrait même descendre en dessous des 2% “selon la durée de la crise” énergétique.

“C’est un choc qui va affecter non seulement le secteur minier, mais aussi l’industrie manufacturière, la distribution et d’autres services. Aucun secteur économique n’est à l’abri.”

“La croissance a été forte, alimentée par la consommation, mais la crise énergétique est assez grave pour faire une différence”, a-t-elle ajouté.

Le gouvernement a jusqu’à présent tenté de faire bonne figure, le ministre des Entreprises publiques, Alec Erwin, affirmant la semaine dernière que “la croissance de l’économie sud-africaine aux bons niveaux actuels peut se poursuivre”.

Mais Daniel Makina, professeur d’économie à l’Université d’Afrique du Sud, à Pretoria, estime que “le gouvernement se fait des illusions s’il pense que la croissance va se maintenir au même rythme dans les circonstances actuelles”.

“La seule issue pour Eskom et le gouvernement c’est une baisse de la croissance économique”, a-t-il déclaré.

Eskom et les autorités envisagent de rationner l’électricité, une mesure qui risque d’effrayer les investisseurs.

“Les investisseurs locaux et étrangers ne s’impliqueront pas dans des investissements à capital bloqué et cela va mener le pays à une crise économique et à des pertes d’emplois”, avertit Mike Schussler.

 29/01/2008 14:58:38 – © 2008 AFP