[29/01/2008 17:48:45] WASHINGTON (AFP) La croissance mondiale sera encore plus faible que prévu en 2008, à cause de la crise financière, et ce ralentissement, qui menace particulièrement les Etats-Unis, risque de gagner les pays émergents, a estimé mardi le Fonds monétaire international (FMI). Le Fonds table sur une expansion de 4,1% du Produit intérieur brut mondial (PIB) cette année, soit 0,3 point de moins qu’anticipé jusqu’ici, et seulement de 1,5% aux Etats-Unis (-0,4 point), selon des prévisions révisées. Si l’on exclut l’acquis de croissance 2007, la première économie mondiale pourrait même ne croître que de 0,8% (après +2,6% en 2007), un rythme très en dessous de son potentiel, selon l’institution de Washington, qui a qualifié les Etats-Unis d'”épicentre” du ralentissement mondial actuel. Le Fonds avait déjà abaissé en octobre les prévisions de croissance 2008 qu’il avait rendues publiques en juillet. Prévue vendredi dernier, l’annonce de ces chiffres avait été retardée de près d’une semaine pour tenir compte de l’effondrement des places boursières les jours précédents. “Les tensions financières issues du secteur du subprime aux Etats-Unis — et les dépréciations d’actifs bancaires qui en découlent — se sont accentuées, tandis que les récents délestages massifs sur les places boursières mondiales traduisent une incertitude montante”, a expliqué le FMI pour justifier cette révision. La croissance européenne ne sera pas épargnée par la crise née sur le marché hypothécaire américain, puisque le PIB de la zone euro devrait croître de 1,6% seulement (-0,5 point). Hors acquis de croissance 2007, c’est-à-dire abstraction faite de l’effet d’entraînement hérité des précédents trimestres, l’expansion serait de 1,3% en zone euro, après 2,3% en 2007. Fait nouveau, le FMI a mis en garde contre les risques de contagion aux pays émergents qui étaient jusqu’alors décrits comme particulièrement résistants et capables de compenser le ralentissement des pays dévelopés. “Jusqu’à présent, les marchés émergents ont tenu bon (…). Cela étant, à en juger d’après les récents replis boursiers, certains de ces marchés risquent de ne pas être mesure d’échapper à l’effet de contagion”, a indiqué le FMI. S’agissant de la gestion politique des événements, l’économiste en chef du FMI, Simon Johnson, a jugé que les banques centrales étaient “la première ligne de défense” des économies avancées, lors d’une conférence de presse. A cet égard, il a jugé jusqu’alors “appropriée” la politique de maintien des taux de la BCE, controversée dans certains pays européens, comme les assouplissements répétés des taux américains, que la Réserve fédérale examine de nouveau mardi et mercredi. Il a toutefois indiqué que le plan de relance budgétaire voulu par le président Bush serait “utile” pour peu qu’il soit “complémentaire”, “modeste” et “temporaire”. Son impact, évalué entre 0,2 et 0,3 point de pourcentage, est d’ailleurs déjà intégré aux prévisions de croissance du Fonds. Sans lui, la prévision 2008, hors effet de croissance 2007, ne serait donc que de 0,5-0,6%. Ce type de plan pourrait également être pertinent dans d’autres pays, a estimé M. Johnson. “Il est important de préparer quelque chose à garder en réserve”, au cas où la situation continuerait à se dégrader. Enfin, le Fonds a tiré de façon explicite la sonnette d’alarme sur la régulation des marchés financiers, estimant que “des mesures doivent êtres prises”, et indiquant qu’il préparait actuellement des recommandations. Interrogé sur la Société Générale, Jaime Caruana, directeur du département “marchés financiers”, a estimé qu’il s’agissait d’un cas illustrant la nécessité d’améliorer la gestion du risque et la transparence des marchés. |
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