Les ministres des pays de l’Opep arrivent à Vienne, statu quo en vue

 
 
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Le siège de l’Opep à Vienne (Photo : Barbara Gindl)

[30/01/2008 10:27:05] VIENNE (AFP) Les ministres des pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) commençaient à arriver à Vienne mercredi, deux jours avant une réunion extraordinaire du cartel, et semblaient s’orienter vers un statu quo sur leur production.

Mais face aux risques pesant sur l’économie mondiale, donc sur la consommation de pétrole, les experts sont nombreux à penser que lorsque le cartel se réunira à nouveau le 5 mars, une baisse de l’offre, officielle ou officieuse, pourrait être à l’ordre du jour.

“Nous ne voyons aucune raison pour suggérer une intervention à ce stade”, a déclaré à la presse mardi le vice-ministre du Pétrole du Nigeria, Odein Ajumogobia, depuis Abuja.

“Les prix ne sont pas affectés par les lois fondamentales de l’offre et de la demande”, mais par “la spéculation”, a-t-il estimé.

Premier représentant d’un pays membre de l’Opep arrivé à Vienne, le ministre du Pétrole équatorien, Galo Chiriboga, a lui aussi déclaré mardi que “l’approvisionnement du marché est suffisant” et qu’il n’y a pas “beaucoup de changements à faire” au niveau de la production de l’Organisation.

Le ministre algérien du Pétrole, Chakib Khelil, et le chef de file de l’Opep, le Saoudien Ali al-Nouaïmi, sont attendus en début de soirée dans la capitale autrichienne.

Interrogés par l’AFP, les experts Mike Wittner de la Société Générale, Raad Alkaridi de PFC Energy, Vera de Ladoucette de Cambridge Energy Associates (Cera), Francis Perrin de Pétrole et Gaz Arabes et Bill Farren-Price de Meddley Global Advisors tablaient sur un statu quo vendredi.

Cette réunion extraordinaire a été décidée à l’issue de celle du 5 décembre à Abou Dhabi, alors que les prix du baril s’approchaient de la barre de 100 dollars. La pression était forte sur les 13 pays membres du cartel pour pomper plus de pétrole.

L’Opep avait malgré tout opté pour le statu quo, mais avait officieusement dopé ses livraisons de pétrole.

Vera de Ladoucette note qu’en décembre, les douze pays de l’Opep soumis au système des quotas (l’Irak en est exclu) ont produit environ 180.000 barils par jour de plus que leur objectif officiel de 29,67 millions de barils par jour. L’Opep produit au total quelque 32 mbj, près de 40% du pétrole mondial.

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Une torche d’extraction pétrolière, le 14 octobre 2003 sur la côte angolaise (Photo : Martin Bureau)

Mais si les pays consommateurs, Etats-Unis en tête, continuent de demander au cartel de mettre plus de brut sur le marché, la situation a changé.

Depuis que le seuil de 100 dollars a été dépassé début janvier, les prix se sont fortement repliés. Mercredi, le baril de brut était en hausse de 86 cents à New York à 92,50 dollars lors des échanges électroniques.

En outre, les craintes d’une récession aux Etats-Unis, qui entraînerait nécessairement une nette baisse de la demande mondiale de pétrole, ne cessent d’augmenter.

“La peur d’une récession laisse penser que la solution la plus probable vendredi est le maintien des objectifs de production à l’identique, d’autant plus que le pétrole expédié en février arrivera dans les pays consommateurs au printemps”, période où la consommation baisse, explique Vera de Ladoucette.

Pour elle, une baisse de production lors de la réunion de mars est ensuite “tout à fait possible”.

La revue spécialisée Oil Movements, qui suit les expéditions de frets pétroliers, constate déjà dans son bulletin du 24 janvier que “les intentions des producteurs sont orientées à la baisse”, avec “un fort déclin” des livraisons correspondant à la consommation des neuf premiers jours de février.

S’il pourrait être délicat pour le cartel et notamment pour l’Arabie saoudite, alliée des Etats-Unis, de baisser ses objectifs de production officiellement en mars, au moment où l’économie mondiale est particulièrement fragile, il pourrait choisir la voie, comme le prévoit Mike Wittner, d’une discrète réduction de son offre.

 30/01/2008 10:27:05 – © 2008 AFP