[30/01/2008 15:06:56] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a mis en garde mercredi Rome et Paris sur leurs déficits, appelant l’Italie à poursuivre dans la voie de la rigueur imprimée par Romano Prodi, qui vient de jeter l’éponge, et demandant à la France d’en faire davantage pour équilibrer ses finances. Elle estime que la France et l’Italie, respectivement deuxième et troisième économie de la zone euro, devaient être “plus ambitieuses” et “accomplir des progrès plus rapides” afin de parvenir à l’équilibre de leurs finances publiques. Cela leur permettra d’éviter de dépasser à nouveau le seuil d’un déficit de 3% du Produit intérieur brut (PIB) autorisé par le Pacte de stabilité européen, a souligné la Commission. L’Italie –actuellement sous le coup d’une procédure pour déficit excessif qui devrait être abrogée cette année– prévoit que son déficit public soit ramené à 2,4% en 2007, grâce à l’amélioration des rentrées fiscales, après 4,4% en 2006. Alors que l’Italie traverse une crise politique, le commissaire européen aux affaires économiques Joaquin Almunia a tenu à saluer le travail d’assainissement des comptes publics italiens réalisé par le gouvernement de Romano Prodi, renversé la semaine dernière. Il a aussi appelé le successeur de M. Prodi à continuer sur cette voie, dans une mise en garde implicite au dirigeant de la droite italienne Silvio Berlusconi. Celui-ci, qui avait précédé M. Prodi en lui léguant des déficits très importants, est donné favori pour devenir le nouveau chef du gouvernement en cas d’élections anticipées. Le déficit italien devrait au final être “plus favorable que prévu en 2007”, estime la Commission, et l’Italie devrait en profiter pour “renforcer l’objectif budgétaire en 2008” et “réduire résolument sa dette publique”.
Rome table jusqu’ici sur un déficit de 2,2% en 2008, et compte atteindre l’équilibre des finances publiques en 2011. La Commission a également estimé que la France, autre mauvais élève de l’UE en matière de déficits, doit “accélérer considérablement le rythme de l’assainissement budgétaire et de la réduction de la dette”, afin de pouvoir “dégager plus rapidement que prévu une marge de sécurité pour éviter que le déficit dépasse le seuil de 3%”. Sortie depuis seulement un an d’une procédure pour déficit excessif, la France prévoit dans son programme de stabilité un déficit de 2,4% du PIB en 2007 et 2,3% en 2008. Selon ce scénario, les finances publiques ne renoueraient avec l’équilibre qu’en 2012, ce qui ne manque pas d’irriter la Commission, alors que les pays de la zone euro se sont engagés à parvenir à l’équilibre de leurs finances d’ici 2010. Mais la France est depuis revenue sur cette date, se réservant la possibilité d’y arriver seulement en 2012. “L’assainissement prévu est reporté”, déplore la Commission, tout en ajoutant que, de plus, “des risques entourent encore cette trajectoire d’ajustement”, qui “repose sur des hypothèses macroéconomiques optimistes”. Bruxelles demande en outre à la France de réduire “substantiellement” et “plus rapidement que prévu” ses dépenses publiques, actuellement parmi les plus élevées de l’UE, autour de 53% du PIB. Enfin, elle l’invite à “accomplir des progrès dans les réformes structurelles, afin d’accroître la croissance potentielle et de réduire les dépenses publiques”. M. Almunia a notamment encouragé la France à suivre les propositions du rapport de Jacques Attali sur la “libération de la croissance”. En réponse à ces recommandations, la France a souligné qu’elle “s’en tient aux engagements” pris devant Bruxelles et “est sur une pente de réduction de son déficit”, tout en invoquant cependant “un contexte économique mondial difficile”. |
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