En période d’incertitude, le gouvernement britannique reconduit le patron de la BoE

 
 
CPS.IAK02.300108152417.photo00.quicklook.default-158x245.jpg
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre Mervyn King, le 20 juin 2007 à Londres (Photo : Leon Neal)

[30/01/2008 14:27:03] LONDRES (AFP) Face à la crise financière, le gouvernement britannique a choisi la stabilité mercredi en reconduisant pour cinq ans le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE) Mervyn King, dont la réputation a été entachée cet été par l’affaire Northern Rock, mais qui apparaît comme le meilleur candidat.

Le mandat de M. King, qui aura 60 ans en mars, expire le 30 juin.

M. King est un économiste né dans une famille modeste de la banlieue londonienne, mais qui a su ensuite entrer dans les meilleures universités, la britannique Cambridge puis l’américaine Harvard.

Il rejoint la BoE dès 1990 en tant que directeur non-exécutif avant d’en devenir l’économiste en chef un an plus tard, puis un des vice-gouverneurs en 1998, un an après l’indépendance conférée à l’institution par le premier gouvernement Blair. Il est gouverneur depuis 2003.

M. King a une réputation de “faucon” (par opposition aux “colombes”), c’est-à-dire d’un dirigeant qui n’hésite pas à maintenir des taux d’intérêts élevés pour préserver le pays de l’inflation. En onze ans, il n’a eu qu’une fois à écrire au ministre des Finances, en avril dernier, pour justifier une inflation dépassant 3%.

Cette raideur, s’ajoutant à une personnalité et à un physique dont il ne semble vouloir présenter que le côté ennuyeux, lui a valu des critiques cet été, lorsqu’il a longtemps hésité avant de mettre des capitaux sur le marché, comme ses consoeurs la Fed américaine et la BCE européenne, afin d’endiguer la crise du crédit.

M. King est en effet un tenant de la théorie de “l’aléa moral” qui veut qu’en secourant des banques imprudentes, on risque de les encourager à se montrer encore plus imprudentes.

Il a dû accepter pourtant, en septembre, que la BoE serve de prêteur en dernier ressort à la banque Northern Rock, qui lui doit aujourd’hui l’équivalent de 35 milliards d’euros, somme dont le remboursement n’est toujours pas assuré. Plus de mansuétude initiale aurait-elle empêché la chute de Northern Rock, le débat n’est pas réglé.

La semaine dernière encore, la Commission des Finances du Parlement a estimé que la BoE aurait dû être “plus proactive” dès le début.

A un député travailliste qui lui reprochait en septembre d’avoir “regardé le train (Northern Rock) s’écraser sur les butoirs”, M. King avait néanmoins répondu que des interventions plus précoces “auraient fait sauter le train avant qu’il n’arrive aux butoirs”.

Le porte-parole du Premier ministre Gordon Brown a indiqué mercredi que celui-ci voyait M. King comme “un gouverneur de premier ordre” et que c’est pour cela qu’il avait été reconduit.

Le ministre des Finances Alistair Darling, qui n’a pas la réputation de bien s’entendre avec M. King, s’est en tout cas dit mercredi “enchanté”, soulignant son “rôle-clé dans la stabilité macroéconomique du Royaume-Uni”.

L’opposition conservatrice s’est réjouie aussi de la décision tout en soupçonnant M. Brown d’avoir tardé à la prendre pour “chercher des alternatives à l’indépendant M. King”. Le nom du vice-gouverneur, Rachel Lomax, avait circulé.

Les économistes ont bien accueilli la nouvelle, soulignant comme Jonathan Loynes de Capital Economics que c’était “l’option la plus sûre dans l’actuelle période d’incertitude économique”. Malgré les évènements récents, “peu pourront solidement plaider que cette reconduction est une mauvaise nouvelle pour l’économie”, a-t-il dit.

Pour Howard Archer du cabinet Global Insight, “la réputation autrefois exemplaire de M. King a été sans doute un peu ternie” ces derniers mois, “mais nous estimons néanmoins qu’il a fait un excellent travail de politique monétaire tout au long de son mandat, ce qui est le principal”. En outre, “il n’y avait personne de mieux pour le remplacer”.

 30/01/2008 14:27:03 – © 2008 AFP