Etats-Unis : la Fed poursuit ses spectaculaires baisses de taux

 
 
[31/01/2008 08:32:05] WASHINGTON (AFP)

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La Réserve fédérale américaine à Washington, le 30 janvier 2008 (Photo : Nicholas Kamm)

La Réserve fédérale américaine (Fed) a poursuivi mercredi son action spectaculaire en baissant son taux directeur d’un demi-point à 3%, et suggéré qu’elle pourrait aller plus loin pour contrer les risques de récession et les tensions “considérables” sur les marchés.

Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a estimé jeudi, après la nouvelle baisse des taux aux Etats-Unis, que si l’écart de taux avec l’Europe se creusait “dramatiquement”, cela rendrait la situation “difficile” pour l’économie européenne. M. Juncker a rappelé sur Europe 1 que la Banque centrale européenne (BCE) n’avait “pas un objectif de taux de change en soi”. Elle “a pour objectif principal d’assurer la stabilité des prix”, a-t-il dit.

“Les marchés financiers restent soumis à des tensions considérables et le crédit a continué de se resserrer pour certains ménages et certaines entreprises”, a noté d’entrée de jeudi le Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed dans son communiqué. La banque centrale a également abaissé d’un demi-point son taux d’escompte pour le ramener à 3,50%.

La Fed avait déjà abaissé en urgence son taux directeur de trois-quarts de points le 22 janvier. En huit jours, elle a donc réduit son taux directeur de 1,25 point, ce qui est tout à fait considérable.

Mais les risques de récession justifient aux yeux de la Fed une action très déterminée. Au quatrième trimestre 2007, la croissance a brutalement décéléré à 0,6% (en rythme annuel) contre 4,9% au trimestre précédent, du fait d’un essoufflement des consommateurs et d’une aggravation de la crise immobilière.

La Fed a d’ailleurs répété ses inquiétudes sur une possible “aggravation de la contraction immobilière” et sur l’affaiblissement du marché du travail, même si elle n’avait pas en main le rapport sur l’emploi de janvier, qui sera publié vendredi.

En baissant ses taux d’un demi-point, et en mettant autant en avant les perturbations financières, la Fed court le risque d’être accusée de complaisance envers les marchés.

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Evolution des taux de la FED et de la BCE

Mais elle n’avait guère le choix, toute baisse moins forte risquant de déstabiliser les marchés qui se seraient estimés trahis. “Elle a essayé de restaurer une continuité en donnant aux marchés ce qu’ils cherchaient”, a estimé Peter Kretzmer de Bank of America.

La décision de la Fed a été saluée par les marchés, la Bourse de New York repartant à la hausse peu après la publication du communiqué.

De plus, la banque centrale a laissé entendre qu’elle pourrait continuer à abaisser le loyer de l’argent, en se disant prête à “agir en temps voulu, et si besoin est, pour contrer ces risques”. C’est exactement la formule qu’elle avait employé le 22 janvier.

“La formulation indique qu’ils sont prêts à abaisser encore leurs taux”, a estimé Robert MacIntosh d’Eaton Vance.

Ce n’est peut-être pas la dernière baisse, mais “il faudra des chiffres économiques très mauvais pour qu’ils agissent encore”, nuance pour sa part l’économiste indépendant Joel Naroff, en assurant que “la situation du marché de l’emploi sera cruciale”.

Cette décision résolue n’a cependant pas fait l’unanimité au sein du FOMC. Le président de la banque de réserve de Dallas, Richard Fisher, aurait préféré que la Fed laisse ses taux inchangés.

Le communiqué n’explique pas les réticences du responsable de Dallas, mais il est probable que la menace inflationniste ait joué un rôle.

Au quatrième trimestre 2007 ainsi, l’inflation de base mesurée par les dépenses de consommation (PCE) a atteint son plus haut niveau depuis la mi-2006, à 2,7% — soit largement au-dessus de la limite de tolérance de 2% de la Fed.

Une accélération de l’inflation serait problématique car elle appellerait en théorie un durcissement monétaire aux antipodes des remèdes nécessaires pour contrer une récession.

Sur ce plan, la Fed a rappelé qu’elle s’attendait à une “modération” de l’inflation dans les trimestres à venir, mais qu’elle allait devoir suivre “de près” les développements.

 31/01/2008 08:32:05 – © 2008 AFP