Leclerc retire La Vache qui rit et Pulco, bras de fer avec l’industrie

 
 
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Michel-Edouard Leclerc le 6 décembre 2007 dans le centre d’Ivry-sur-Seine. (Photo : Martin Bureau)

[31/01/2008 18:10:44] PARIS (AFP) Les centres Leclerc ont mis leur menace à exécution en annonçant jeudi qu’ils allaient retirer de leurs rayons le 1er février six articles très connus de grandes marques, en accusant les industriels de leur imposer des tarifs trop élevés.

Les centres vont retirer la boîte de 12 fromages La Vache qui rit (de Bel), un produit d’entretien Ajax (Colgate-Palmolive), des crèmes anti-rides (L’Oréal et Nivea), un sirop Pulco (Orangina) et un gâteau Brossard (Saveurs de France).

Selon Leclerc, les industriels ont proposé des hausses de tarifs (prix payés par les distributeurs) pour ces produits allant de 18,29% à 20,63%, au cours des derniers mois.

“Les six articles emblématiques sont retirés le 1er février de nos magasins. Ils y reviendront quand les fournisseurs se seront engagés pour que ces produits n’augmentent pas plus que la moyenne de leur gamme”, a déclaré à l’AFP Michel-Edouard Leclerc, patron des centres éponymes.

“Une centaine d’articles sont sur la sellette”, a-t-il ajouté.

M. Leclerc a précisé que les sociétés Nivea et Pulco avaient fait de nouvelles propositions “qui sont à l’étude actuellement”. “Mais en attendant”, leurs produits “seront retirés”.

Selon lui, l’augmentation moyenne des crèmes anti-rides est de 7%, des produits de nettoyage de 5,5% et des sirops de 5%.

“Nos hausses sont justifiées car les prix du lait ont augmenté de 40% en un an”, a commenté Guillaume Jouët, directeur de communication chez Bel, ajoutant que sa société ne “pourra pas revenir sur les tarifs proposés”.

Leclerc avait menacé, dans une campagne publicitaire dans le presse le 16 janvier, de retirer les six produits si les industriels ne baissaient pas leurs tarifs.

Sans jamais contester ces augmentations, les industriels avaient alors crié “au scandale”.

“Nous n’allons pas rester inactifs”, a déclaré jeudi Olivier Desforges, président de l’Institut de liaison et d’études des industries de consommation (Ilec) qui représente ces six marques, sans donner plus de détails.

Jean-René Buisson, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), a de son côté indiqué que les industriels pourraient entamer des poursuites juridiques, “en fonction des volumes retirés à partir de vendredi”.

Le directeur général de L’Oréal, Jean-Paul Agon, avait relativisé la semaine dernière la menace de Leclerc de retirer sa crème, indiquant que le produit était peu vendu.

Contactés par l’AFP, Colgate et Orangina n’ont pas souhaité commenter.

Les menaces de “déférencement” sont courantes mais elles interviennent lors de négociations internes. La centrale d’achat de Leclerc, réputée comme la plus dure dans ses négociations, agite souvent cet argument, qu’elle baptise “code 4”.

Mais c’est la première fois qu’un distributeur utilise cet argument publiquement. La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution s’était toutefois désolidarisée de Leclerc la semaine dernière, jugeant sa campagne “agressive”.

Derrière ce bras de fer, se profile une nouvelle réforme de la loi Galland, prévue pour le printemps. Elle pourrait mettre fin au principe de la “non-discrimination”, qui oblige actuellement les industriels à imposer le même tarif à tous les distributeurs, et permettre au contraire la libre négociation, comme le demandent les commerçants, Leclerc en tête.

 31/01/2008 18:10:44 – © 2008 AFP