Opep : les ministres semblent s’orienter vers un statu quo, baisse exclue

 
 
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Le ministre algérien du pétrole Chakib Khalil, le 30 janvier 2008 à Vienne (Photo : Dieter Nagl)

[31/01/2008 13:41:48] VIENNE (AFP) Les ministres du pétrole arrivés à Vienne jeudi semblaient en majorité pencher vers un statu quo de la production, bien que le ministre algérien ait admis que certains pays subissaient des “pressions politiques” pour augmenter leur production, une allusion au Golfe.

L’hypothèse d’une baisse vendredi semblait exclue dans un contexte de fragilité de l’économie mondiale, mais pourrait être envisagée lors de la prochaine réunion, le 5 mars, si la demande mondiale venait à baisser rapidement.

Le ministre algérien du Pétrole Chakib Khelil, actuel président de l’Opep, a estimé jeudi que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait opter vendredi pour le “statu quo et voir ce qui se passe en mars”.

Ses homologues équatorien, algérien, libyen et nigérian se sont également prononcés en ce sens.

Olivier Jakob, analyste du cabinet Petromatrix, remarque que “le marché pétrolier a déjà pleinement intégré un statu quo”.

Selon M. Khelil, il pourrait y avoir vendredi débat entre une hausse ou un maintien de la production du cartel à l’identique, car “certains membres sont plus sensibles aux pressions politiques”. Une référence tacite aux pays du Golfe, principalement l’Arabie saoudite, premier producteur mondial et alliée des Américains.

Pour sa part, M. Khelil juge qu’une telle décision “n’aiderait pas l’économie”.

“L’Opep a déjà fait ce qu’elle pouvait” pour aider la croissance mondiale en décidant d’augmenter son offre d’un demi-million de barils supplémentaires en septembre, ce qui n’a “pas vraiment eu d’impact” sur les prix de l’or noir, a-t-il jugé.

Le président de l’Opep a déclaré qu’il s’attendait à une baisse de la demande dès le deuxième trimestre 2008 mais pour autant il a estimé qu’une baisse de production n’était actuellement “pas possible” au regard de la fragilité de l’économie mondiale, en particulier celle des Etats-Unis, au bord de la récession.

Le ministre irakien du pétrole Hussein Chahristani lui aussi a déclaré jeudi à Bruxelles qu’il n’y avait “aucune discussion sur la réduction de production”, sans toutefois vouloir faire de prévision à plus de six mois.

Signe en faveur d’un statu quo et d’une décision qui pourrait être prise rapidement, la réunion traditionnelle du comité de surveillance des marchés de l’Opep, n’aura pas lieu cette fois-ci.

Les dés ne sont cependant pas encore jetés tant que le chef de file du cartel, le ministre saoudien du pétrole Ali al-Nouaïmi ne s’est pas prononcé clairement.

Il s’est contenté pour l’instant d’affirmer que l’équilibre du marché était “sain”. Autre membre du club des pays du Golfe, le ministre des Emirats Arabes Unis est également quasi muet.

Deux semaines plus tôt, le président américain George W. Bush avait terminé une tournée au Moyen-Orient avec “l’espoir” que l’Opep augmenterait sa production pour aider une économie américaine menacée de récession, une requête formulée à nouveau il y a quelques jours par le secrétaire américaine à l’Energie Samuel W. Bodman.

Les pays du Golfe, alliés traditionnels des Etats-Unis, pourraient bien ménager la chèvre et le chou: augmenter discrètement leur production pour satisfaire la demande sans faire d’effet d’annonce.

Une source du Golfe a ainsi confié à l’AFP que l’Arabie saoudite produisait actuellement 9,2 millions de barils par jour, bien au-delà de ses quotas officiels de 8,94 millions de barils par jour.

Ils disposeraient ainsi de l’option inverse, en cas de chute de la demande: produire un peu en-deçà de leurs quotas, sans couper ouvertement les quotas, un geste diplomatiquement inacceptable dans le contexte actuel.

 31/01/2008 13:41:48 – © 2008 AFP