[31/01/2008 18:33:35] LONDRES (AFP) La compagnie pétrolière Royal Dutch Shell a annoncé jeudi des bénéfices annuels record de plus de 30 milliards de dollars, mais qui reposent sur la hausse du prix du baril en 2007 tandis que la production a de nouveau sensiblement baissé. Shell est le deuxième groupe pétrolier mondial derrière l’américain ExxonMobil, seule autre entreprise, tous secteurs confondus, à avoir dépassé 30 milliards de dollars de bénéfice net. Le bénéfice de la compagnie anglo-néerlandaise a augmenté de 23% en 2007 par rapport à celui de 2006, à 31,3 milliards de dollars, et de 60% sur le seul quatrième trimestre par rapport au quatrième trimestre 2006, à 8,47 milliards de dollars. Elle a ainsi profité d’un prix du baril qui a évolué entre 85 et 99 dollars sur la plus grande partie du trimestre, atteignant même 100,09 dollars le 3 janvier. En données ajustées des coûts courants, mesure préférée des analystes, le bénéfice dépasse encore 27,5 milliards de dollars. Pourtant, la performance trimestrielle a déçu, ressortant 2% en dessous de ce qui était attendu. De surcroît, suivant une tendance commune à la plupart des compagnies depuis plusieurs années, la production a baissé de 6% au quatrième trimestre, à 3,436 millions de barils équivalent pétrole par jour (mbep/j). Du coup, la production sur l’année se retrouve à 3,315 mbep/j, tout en bas de la fourchette de 3,3 à 3,5 millions espérée par le groupe. En particulier, Shell a des problèmes au Nigeria, où l’action depuis plusieurs années de rebelles dans la zone de production ampute celle-ci d’environ 180.000 barils par jour, et où le gouvernement est un peu “lent” à financer sa part de 55% des opérations, a révélé jeudi le directeur général de Shell Jeroen van der Veer. Le groupe entend cependant rester “encore pour des décennies dans ce pays”, a assuré le dirigeant. Sa production a pâti aussi d’un incendie dans son gisement de sables bitumineux au Canada et de réparations un peu longues dans sa raffinerie de Singapour. Comme ses concurrentes, Shell doit se battre pour trouver de nouvelles ressources. En 2007, les dépenses d’investissement nettes (dépenses réalisées moins bénéfices tirés de diverses ventes) ont atteint 23,8 milliards de dollars, et le groupe espère encore investir 24 à 25 milliards net cette année. La banque Citigroup a estimé que Shell, s’il veut parvenir à ce montant, “allait peut-être trouver que les temps devenaient un peu plus difficiles”. Cela n’a pas empêché le groupe de distribuer l’an dernier à ses actionnaires 13,4 milliards de dollars via des dividendes ou des rachats d’actions. Ces chiffres énormes ont déclenché la colère du plus gros syndicat britannique, Unite, dont le secrétaire général Tony Woodley a constaté que “les actionnaires allaient très bien pendant que les autres n’y arrivaient pas”, avec un budget familial grevé par le prix du carburant. Il a appelé le gouvernement à demander aux pétrolières “rapaces” de “contribuer au bien commun”. Elles acquittent déjà 20% de taxes sur les bénéfices réalisés en Mer du Nord. M. van der Veer, qui a qualifié les résultats de “satisfaisants”, a mis en garde contre de telles demandes, invitant le public à considérer, “outre la taille des bénéfices, celle des entreprises et de leurs énormes charges d’investissement”. “Plus d’impôt, c’est moins d’investissement”, a-t-il assuré. Le groupe enfin a dit avoir ajouté un milliard de barils équivalent pétrole à ses réserves en 2007, ce qui est moitié moins que les découvertes réalisées en 2006. Cela s’ajoute à la division par deux de la part de Shell dans le projet russe Sakhaline-2, au profit de Gazprom. Certains analystes considèrent que les réserves officiellement annoncées en mars apparaîtront assez faibles. |
||
|