[01/02/2008 16:19:42] LONDRES (AFP) Les grandes manoeuvres dans le secteur minier ont connu un rebondissement vendredi avec l’entrée en force au capital de Rio Tinto, et au prix fort, du Chinois Chinalco et de l’Américain Alcoa, alors même que l’anglo-australien est convoité par son compatriote BHP Billiton. Chinalco, un des premiers groupes miniers chinois, spécialisé dans l’aluminium et le cuivre, et Alcoa, numéro trois mondial de l’aluminium, ont acheté 12% de Rio Tinto Plc, la branche cotée à Londres du groupe anglo-australien, qui représente environ 78% du groupe tout entier (l’autre branche, Rio Tinto Ltd, est cotée à Sydney), pour un peu plus de 7 milliards de livres, ou 14,05 milliards de dollars. Il s’agit du plus gros investissement à l’étranger jamais réalisé par une société chinoise. Alcoa ne participe à l’opération qu’à hauteur de 1,2 milliard de dollars. Ils ont payé 60 livres par action, alors qu’à la Bourse de Londres vers 12H30 GMT vendredi, malgré une hausse de plus de 15% après ces nouvelles, le titre Rio Tinto ne valait encore que 57,21 livres. Cette irruption au capital de Rio Tinto à hauteur de 9% de son capital tout entier (les deux branches, Plc et Ltd, pèsent ensemble environ 145 milliards de dollars), arrive alors que l’anglo-australien fait l’objet depuis novembre d’une offre de BHP Billiton à trois actions BHP pour une Rio, rejetée comme trop basse par Rio Tinto. Les intentions du duo sino-américain sont encore peu claires. Ils ont annoncé qu’ils “n’ont pas l’intention de faire une offre pour Rio Tinto Plc”, mais qu’ils “s’en réservent le droit”, en cas par exemple d’offre concurrente. Le président de Chinalco, Xiao Yaqing, a assuré que “cet engagement stratégique souligne la détermination de Chinalco à accroître et à diversifier son exposition au secteur minier et à être bien placé dans ce paysage changeant”. Même si les groupes sidérurgiques comme Baosteel sont généralement davantage cités, une intervention chinoise dans un rapprochement BHP-Rio n’est pas entièrement surprenante : un géant Rio-BHP pesant près de 400 milliards de dollars de capitalisation aurait un pouvoir sur les prix que les Chinois, principaux consommateurs de matières premières au monde, voient d’un mauvais oeil. “Même si Chinalco et Alcoa ne font pas d’offre sur la totalité du capital, leur accord complique” la tâche de BHP Billiton, notait l’analyste Michelle Leung de Tai Fook Securities. “Si quelqu’un veut voir échouer la fusion (Rio-BHP) ce sont bien les Chinois”, renchérissait Philip Chan de CAF Securities. Le président-directeur général d’Alcoa Alain Belda a estimé pour sa part que son groupe allait “bénéficier mutuellement avec Chinalco des développements du secteur minier”. Il a souligné aussi “la classe mondiale des actifs” de Rio Tinto. Or, parmi les pépites de celui-ci, figure le producteur d’aluminium canadien Alcan, justement racheté au nez d’Alcoa l’an dernier pour 38,1 milliards de dollars, ce qui constitue jusqu’à présent le plus gros rachat réalisé dans le secteur minier. Rio Tinto ne commentait pas vendredi l’entrée au capital “non sollicitée” des deux concurrents, mais notait que le prix qu’ils ont payé “renforçait la position selon laquelle BHP a sous-évalué Rio Tinto”. En effet, l’offre à trois actions BHP valorisait vendredi le titre Rio Tinto à un peu moins de 50 livres. C’est plutôt désormais quatre actions BHP pour une Rio Tinto qu’il faudrait plutôt offrir pour dépasser le prix payé par Chinalco et Alcoa. En pleins doutes sur la solidité de la croissance mondiale, toute cette affaire mettait enfin le secteur minier en joie à la Bourse de Londres, d’autant que M. Xiao a souligné “la confiance de Chinalco dans les perspectives à long terme d’un secteur minier mondial en évolution rapide”. Outre l’envolée de Rio Tinto, BHP Billiton lui-même gagnait plus de 12%, Anglo American plus de 7%, et Antofagasta près de 10% vers 13H30 GMT. |
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