[01/02/2008 21:02:47] NEW YORK (AFP) Racheter au prix fort Yahoo!, ex-champion aujourd’hui affaibli: le pari est risqué pour Microsoft, selon les analystes. “La mariée a des soucis et les risques de divorce sont grands”, commentait vendredi l’analyste Tim Klassel, de la société de Bourse Thomas Weisel, en résumant le sentiment des marchés sur la demande en mariage de Microsoft à Yahoo!. Les analystes citaient les difficultés de réunir des grands groupes aux cultures différentes, l’éventualité d’offres concurrentes, le risque de blocage des autorités de concurrence, et surtout les doutes sur la puissance de feu de la société fusionnée, qui restera loin de celle du leader Google. Signe de cette hésitation, le titre Microsoft reculait de 5,75% à 30,63 dollars. En revanche, personne ne doutait que l’affaire soit une aubaine pour les actionnaire de Yahoo, dont l’action a chuté de 20% en 6 mois. Le titre Yahoo montait de 48,46% à 28,37 dollars. “Microsoft dispose de 21,4 milliards de liquidités et profite de la baisse du marché pour acheter”, relève M. Klassel. “Mais Yahoo! fait face à une baisse de ses parts de marché, des problèmes d’innovation technologique et une valse de ses dirigeants”, souligne-t-il. “De plus ce rachat est bien plus important que tous ceux effectués par Microsoft jusqu’à présent, et nous estimons que les plateformes internet sont particulièrement difficiles à réunir. Combiner les sites partenaires de Yahoo! et l’excellence technologique de Microsoft fait sens, mais les problèmes de Yahoo! pourraient faire capoter le mariage”, selon lui. “Nous espérons que cette fusion ne se fera pas”, tranchent les analystes de la société de Bourse William Blair dans une note. “Nous sommes négatifs sur cette alliance, car étant donné que les deux groupes séparément n’ont pas été capables de gagner de parts de marché publicitaire, nous nous demandons vraiment si leur combinaison ferait mieux”. “En plus Microsoft semble payer un belle somme, et nous craignons qu’il paie encore plus si Yahoo! décline et que d’autres prédateurs arrivent. Sans oublier les risques de difficultés d’intégrer deux cultures extrêmement différentes”. Cantor Fitzgerald est à peine plus enthousiaste: “L’affaire se fera, étant donnée la faiblesse de Yahoo! et le besoin visible de Microsoft de se développer dans la publicité en ligne”, pronostique la société de Bourse. “Cependant nous avons peu d’espoir qu’une fusion Microsoft-Yahoo! change radicalement la situation concurrentielle”. “Nous pensons au contraire que les deux groupes réunis pourraient perdre des parts de marché face à Google car les problèmes d’intégration les éloigneraient des nécessaires innovations et des services aux clients, avec des délais bureaucratiques allongés pour tout nouveau produit ou service”. Chez la société Jefferies, les analystes estiment que Yahoo! traînera pour faire monter le prix mais finira par accepter, mais ne prévoient pas d’impact à court terme sur Google. Selon Jefferies, Microsoft devrait générer cette année environ 3,5 milliards de chiffre d’affaires dans la publicité en ligne, et en ajoutant les recettes annuelles de 5 milliards environ de Yahoo! (hors commissions reversées aux sites partenaires), leur union totaliserait 8 à 9 milliards de recettes, soit 17% du marché mondial de la publicité en ligne. “En comparaison, nous attendons pour Google cette année des recettes hors commissions de 15 milliards environ, soit 30% du marché, souligne Jefferies. Un tel rachat serait examiné de très près par les autorités de la concurrence, notamment celles de Bruxelles dont le feu vert constituera “un véritable défi pour Microsoft, selon Jefferies. Tous les analystes soulignent aussi qu’il s’agirait de la plus grosse acquisition, et de très loin, jamais réalisée dans le secteur internet, mais pensent que la série pourrait s’arrêter là pour l’instant. Une autre cible serait ValueClick, dernière grosse société de marketing internet encore indépendante. |
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