Les constructeurs de poids lourds suédois les plus écolos de leur classe

 
 
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Un camion Scania en 2006 à la foire de Hanovre (Photo : Jochen Luebke)

[03/02/2008 14:12:27] STOCKHOLM (AFP) Usine écologique, peinture à l’eau, baisse de la consommation d’essence: les constructeurs de poids lourds suédois font la course en tête en matière de protection de l’environnement à l’image de la Suède championne de la chasse à la pollution.

“Volvo et Scania sont définitivement en avance sur leurs concurrents. La question de l’environnement est dans leur esprit depuis très très longtemps”, résume Anders Trapp, analyste spécialiste du secteur pour la banque suédoise d’investissements Enskilda Securities.

Depuis une vingtaine d’années, l’Union européenne impose des normes de plus en plus drastiques à tous les fabricants de poids lourds de plus de 3,5 tonnes pour produire des véhicules toujours plus propres.

Mais parallèlement, les industriels suédois se sont mués en entreprises respectueuses de la planète.

“Ils ont pris des décisions stratégiques en ce sens depuis de nombreuses années, je dirai même des décennies”, explique Magnus Axén, analyste chez Evli Bank. Il relève que les Suédois “ont pris conscience bien avant les autres que la réduction des émissions de dioxyde de carbone serait une question clé”.

Cet engagement écologique n’est toutefois pas très étonnant, soulignent les analystes, dans un pays où il y a une tradition de protection de l’environnement depuis la fin des années 60. Depuis 2006, la Suède est même considérée comme le pays champion, selon l’indice Climate Change Performance Index (CCPI).

“Volvo et Scania font figure de pionniers et à ma connaissance, aucun autre concurrent fait aussi bien en la matière”, poursuit Alexis Albert, analyste chez Natixis Securities.

Et les nouvelles ambitions affichées ne passent pas inaperçues dans le secteur.

Le 22 janvier, Volvo a en effet annoncé qu’il escomptait réduire les émissions de CO2 de ses transporteurs de 20% en deux ans, en diminuant la consommation de carburant, en rationalisant la logistique ou encore en utilisant les biocarburants.

Scania a pour sa part déjà réduit de moitié ces vingt dernières années ses émissions polluantes provenant de sa production et de 10% pour la seule période 2005-2007, a indiqué à l’AFP Hans-Aake Danielsson, porte-parole du groupe.

Il explique que la réduction des émissions de CO2 suit aujourd’hui le même rythme que l’amélioration de la productivité à savoir 6 à 8% par an quand le Japonais Nissan ambitionne de réduire ses émissions de 7% en cinq ans d’ici 2010.

Volvo va même plus loin en se lançant dans les usines 100% vertes.

En septembre, il a en effet inauguré, en Belgique, la première usine au monde 0 émission polluante.

L’usine de Gand, qui fonctionne à plein régime depuis décembre, est alimentée en totalité par des énergies propres: éoliennes, panneaux solaires, chaudière biomasse et chaudière à l’huile végétale.

Deux autres usines, implantées en Suède, sont par ailleurs en cours de mutation écologique.

Scania n’est pas à la traîne en matière d’innovations écolos. Le groupe a ainsi abandonné la peinture à base de solvants pour des produits à substance aqueuse destinés à recouvrir les cabines de ses véhicules.

“Scania propose également des formations aux chauffeurs pour utiliser de manière optimale les camions de la marque suédoise et diminuer de 10 à 15% la consommation de carburant”, explique M. Albert.

Les substantiels bénéfices des deux groupes (1,8 milliard d’euros de bénéfice net pour Volvo en 2006, 654,6 millions EUR pour Scania) ne sont pas étrangers à cette dimension écolo car “il est évidemment plus facile pour des entreprises rentables de faire ce genre d’investissements qui n’ont pas retour immédiat”, commente-t-il.

Mais les Suédois ont très bien compris que cela donnait du crédit à leur image alors que les industriels automobiles sont sous le feu des critiques et que leurs concurrents peinent à suivre le mouvement.

 03/02/2008 14:12:27 – © 2008 AFP