Pouvoir d’achat : l’indexation du Smic en question

 
 
[05/02/2008 14:10:21] PARIS (AFP)

CPS.IBJ91.050208150816.photo01.quicklook.default-170x245.jpg
Christine Lagarde le 4 janvier 2008 à Paris (Photo : Pierre Verdy)

L’indexation du Smic qui garantit une augmentation annuelle automatique aux salariés les moins bien payés pour tenir compte de l’inflation et du pouvoir d’achat ouvrier, est aujourd’hui mise en question par le gouvernement, sous la pression du patronat.

Régulièrement réclamée par le patronat qui affirme que le Smic a trop augmenté ces dernières années, une réforme de l’indexation du Smic est débattue au Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) qui rendra son avis mercredi.

Selon Xavier Lacoste, président du groupe de travail du COE sur la question, “les mécanismes de 1970 d’indexation du Smic sont questionnés”. Selon cet ancien conseiller de Laurent Fabius, “il y a un débat” sur la latitude à donner à la “commission Smic” que voudrait créer le gouvernement pour définir le niveau du salaire minimum.

Faut-il lui “donner toute latitude pour proposer le montant de l’augmentation globale du Smic”, ou limiter le rôle de cette poignée d’experts, à la partie de l’augmentation venant “en sus des prix ou taux de salaire ouvrier”, tel est le débat, a résumé M. Lacoste.

La cinquantaine d’élus, syndicalistes, représentants patronaux, experts qui siègent dans ce conseil installé auprès de Matignon ont été saisis par le ministre du Travail Xavier Bertrand et sa collègue Christine Lagarde (Economie, Finances, Emploi). Les deux ministres leur ont posé la question: “est-il souhaitable que la commission formule des recommandations de réforme du mode d’indexation du Smic?”, qui lance le débat.

Le gouvernement n’exclut pas une réforme d’ensemble du Smic.

Plusieurs syndicats ont déjà fait connaître leur désaccord, notamment la CGT qui souligne que l’indexation est la meilleure garantie de pouvoir d’achat. Plus de deux millions de salariés sont payés au Smic, dont près d’un million travaillent à temps partiel, et gagnent donc moins de 1.000 euros net par mois.

L’indexation actuelle –automatique– leur permet d’être augmentés chaque année suivant un calcul mathématique qui prend en compte l’inflation et le pouvoir d’achat ouvrier. La hausse a lieu tous les 1er juillet, mais l’indexation peut entraîner une revalorisation supplémentaire avant cette date, si la hausse de prix dépasse les 2%, ce qui pourrait se produire le 1er mai prochain.

En juillet 2007, le Smic a automatiquement augmenté de 2,1%, en additionnant la hausse des prix (+1,2%) et la moitié du pouvoir d’achat du SHBO, le salaire horaire de base ouvrier (+0,79%). Le gouvernement a refusé tout coup de pouce supplémentaire.

Le patronat réclame “une meilleure maîtrise du Smic” au nom “des réalités prégnantes de la compétition mondiale”, explique Jean-François Veysset (CGPME). La CGPME serait d’accord pour que le Smic reste indexé sur l’inflation, mais veut supprimer l’indexation sur le pouvoir d’achat ouvrier.

CPS.IBJ91.050208150816.photo00.quicklook.default-245x168.jpg
La présidente du MEDEF Laurence Parisot le 16 octobre 2007 lors d’une conférence de presse à Paris (Photo : Stephane de Sakutin)

Le Medef de Laurence Parisot va plus loin, et demande que la revalorisation du Smic soit décidée par une commission indépendante, et que le Smic soit annualisé afin que son calcul tienne compte des primes, indemnités, 13ème mois, etc. Le Smic est calculé actuellement sur une base horaire.

Selon le Centre d’études de l’emploi (CEE), la forte hausse du Smic horaire brut de 1999 à 2006, destinée à compenser le passage aux 35 heures, a eu “très peu d’effet” sur le coût du travail en raison de la réduction “très sensible” des cotisations sociales des employeurs. Le COE doit aussi se prononcer mercredi sur “la création d’un mécanisme de donnant-donnant” posant certaines conditions à ces quelque 20 milliards d’euros de remises de cotisations que l’Etat paye chaque année pour les employeurs.

 05/02/2008 14:10:21 – © 2008 AFP