Jérôme Kerviel : “Je ne serai pas le bouc émissaire de la Société Générale”

 
 
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Le trader Jérôme Kerviel photographié à Paris le 5 février 2008 (Photo : Martin Bureau)

[05/02/2008 17:46:10] PARIS (AFP) Le trader Jérôme Kerviel est sorti mardi de son silence en accordant un entretien exclusif à l’AFP dans lequel il refuse le rôle de “bouc émissaire” tout en reconnaissant sa “part de responsabilité” dans les pertes record de la Société Générale.

“J’ai été désigné (comme unique responsable, ndlr) par la Société Générale. J’assume ma part de responsabilité mais je ne serai pas le bouc émissaire de la Société Générale”, explique à l’AFP le trader, lors d’une rencontre d’un quart d’heure au cabinet parisien de son avocate, Me Elisabeth Meyer.

Chemise blanche à carreaux et jeans, le trader le plus connu de la planète, yeux clairs et cheveux très courts, s’exprime d’une voix timide et douce, assis au côté de son avocate autour d’une table de réunion.

“Je n’ai jamais eu d’ambition personnelle dans cette affaire. L’objet, c’était de faire gagner de l’argent à la banque”, se défend-il.

“On perd la notion des montants quand on est engagé dans ce genre de métier. C’est dématérialisé. On se laisse un peu emporter”, insiste le jeune homme de 31 ans qui a engagé au nom de la Société Générale des positions dépassant les 50 milliards d’euros.

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Le trader Jérôme Kerviel photographié à Paris le 5 février 2008 au côté de son avocate Elisabeth Meyer (Photo : Martin Bureau)

L’homme le plus traqué par les médias dit aujourd’hui vivre chez des amis en région parisienne, après avoir passé “un week-end à la campagne”, selon son avocate. Il affirme n’avoir eu, depuis le déclenchement de l’affaire que “des contacts restreints avec sa famille”, qu’il souhaite “protéger de la médiatisation”.

Car il juge “le battage médiatique” autour de lui “vraiment oppressant” mais dit n’avoir “à aucun moment pensé à fuir”. “Je ne suis pas suicidaire ni dépressif”, lance-t-il, sourire aux lèvres, à l’attention de ceux qui l’ont présenté comme instable.

Le trader qui a été interrogé lundi pour la première fois par le juge Renaud van Ruymbeke sur le fond du dossier, avoue “ne pas avoir encore à l’heure actuelle pris la mesure” des répercussions internationales de l’affaire dont il suit la chronique “dans les journaux et sur internet”.

“Il y aurait beaucoup de choses à dire. Il y a beaucoup de déformations dans la presse”, dit-il, sans toutefois fournir d’exemples parce qu’il veut “réserver” ses réponses aux juges d’instruction.

Soupçonné de falsifications qui ont coûté 4,82 milliards d’euros à la Société Générale, le jeune trader a été interrogé, en garde à vue, dans les locaux de la brigade financière de Paris.

“Tout s’est bien passé”, assure-t-il. “J’ai dit exactement ce que j’avais à dire”, lors de cet interrogatoire où il a notamment suggéré que la hiérarchie de la banque ne pouvait ignorer ses opérations, selon des extraits de sa déposition largement diffusés dans la presse.

Il a été mis en examen le 28 janvier pour “faux et usage de faux, abus de confiance et introduction dans un système de traitement automatisé de données informatiques”.

Il est placé sous contrôle judiciaire, mais le parquet de Paris qui avait requis son placement en détention provisoire a fait appel, un recours qui sera examiné vendredi par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris.

“Je serai présent vendredi et je fais entièrement confiance à mon avocat”, dit-il.

Une fois l’entretien terminé, Jérôme Kerviel quitte seul et à pied le cabinet de son avocate, anonyme dans les rues de Paris.

 05/02/2008 17:46:10 – © 2008 AFP