[05/02/2008 19:18:19] VIENNE (AFP) Le projet de gazoduc Nabucco, qui doit relier en 2012 la mer Caspienne à l’Union européenne pour réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis du gaz russe, a accueilli mardi à Vienne un sixième partenaire allemand, mais son ouverture à la France reste loin d’être acquise. Le consortium regroupe désormais autour du chef de file, le groupe autrichien OMV, le nouveau venu RWE, numéro 2 allemand de l’énergie, et les sociétés nationales Botas (Turquie), Bulgargaz (Bulgarie), MOL (Hongrie) et Transgaz (Roumanie). Les travaux pour ce gazoduc de 5 milliards d’euros, qui devrait à terme avoir une capacité de 31 milliards de mètres cubes par an, initialement prévus pour débuter en 2009, pourraient être reportés d’un an, a annoncé le directeur exécutif du projet, Reinhard Mitschek. “La mise en service pourrait également être décalée d’un an en 2013, même si dans la mesure du possible nous souhaitons lancer les premières livraisons de gaz en 2012 comme prévu à l’origine”, a-t-il précisé à la presse. Le projet Nabucco est destiné à diversifier, en évitant la Russie, les approvisionnements énergétiques de l’UE, en acheminant du gaz en provenance du bassin de la Caspienne. “Nous avons franchi une étape importante dans la sécurisation de l’approvisionnement énergétique en Europe”, a souligné le représentant du gouvernement allemand, Hartmut Krausse, à la cérémonie. Le nom de RWE était cité depuis plusieurs mois comme favori au côté du français Gaz de France pour entrer dans ce projet qui vise à réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis du gaz de la Russie, son principal fournisseur. Le PDG d’OMV, Wolfgang Ruttenstorfer, a souligné mardi que les actionnaires étaient “prêts à accueillir un septième partenaire dans la mesure où cela renforcerait le projet”. Il n’a cependant pas donné de nom. Aucun des dirigeants d’entreprises ni des ministres présents à la cérémonie n’a voulu s’avancer sur une éventuelle participation de Gaz de France. Le ministre roumain des Finances, Varujan Vosganian, a relativisé les déclarations de son président Traian Basescu, qui avait la veille annoncé que le groupe français serait associé au projet au cours d’une conférence de presse avec son homologue français Nicolas Sarkozy à Bucarest. “Il s’agissait d’une annonce d’ordre protocolaire. Toute décision (sur un éventuel septième partenaire, ndlr) doit être prise et annoncée par les six partenaires”, a-t-il insisté. Le responsable du groupe turc Botas, Saltuk Düzyol, a lui aussi insisté sur le fait que toute décision en la matière devrait être prise par l’ensemble des associés. La Turquie s’était opposée il y a plusieurs mois à l’entrée d’un groupe français dans le projet pour protester contre la reconnaissance du génocide arménien par le parlement français. L’objectif de Nabucco est de permettre à l’UE, qui importe actuellement près de 90% de son gaz de Russie, d’Algérie et de Norvège, de se faire également livrer du gaz du Moyen-Orient, en particulier d’Iran. Selon M. Mitschek, le gazoduc pourrait “à partir de 2015” compter l’Iran parmi ses sources d’approvisionnement. Il a réaffirmé que le projet n’était “pas dirigé contre la Russie”. Toutefois, Nabucco est en concurrence avec le projet italo-russe South Stream, d’un budget de 10 milliards d’euros, devant passer par la mer Noire et remonter en Bulgarie pour se partager en deux bras, l’un vers le nord-ouest, en Autriche, et l’autre vers le sud, en Grèce et en Italie du sud. South Stream, associant le géant russe Gazprom et l’italien ENI, devrait lui aussi entrer en service en 2013. “Le projet Nabucco est complémentaire” du projet South Stream, a souligné mardi le ministre autrichien de l’Economie Martin Bartenstein lors de la cérémonie dans son ministère. A la différence, selon lui, que celui de Nabucco “est le plus avancé en termes de planification et de processus politique”. |
||
|