Microsoft a pris un sérieux retard sur
Internet, face au géant des moteurs de recherche, Google. Il veut regagner
le terrain perdu, c’est dans ce cadre qu’intervient sa décision de racheter
Yahoo. L’OPA du siècle est donc lancée pour la bagatelle de 44,6 milliards
de dollars. Microsoft qui, vers la fin des années 70, a ébranlé l’empire
IBM, considéré comme dépassé, se retrouve, à son tour dans la peau du vieux
lion blessé. Ainsi va le cycle de l’informatique. Le software a détrôné le
hardware. Puis l’industrie du logiciel se fait coiffer au poteau par le
réseau. Microsoft n’a pas cru en Internet, quand le web en était encore à
ses débuts. Il se retrouve aujourd’hui dans le rôle du vieux prétendant qui
veut à tout prix rester dans la course. La société de Richmond a raté le
virage du Web 2.0, alors que Google a racheté Youtube. Microsoft est
quasiment absent du côté des réseaux sociaux, alors que Google a lancé Orkut,
qui fait un tabac dans des pays comme le Brésil, par exemple. Alors la
société de Bill Gates s’agite, mais n’a acquis que 1,6% de Facebook. Plutôt
maigre pour se lancer dans la bataille du web.
Les modèles économiques sont radicalement
différents. Le monde du logiciel, avec ses licences à vendre, s’est fait
évincer par celui du web, qui propose des espaces publicitaires. C’est aussi
un peu un problème de mentalité. Les uns veulent faire payer l’usager, quand
les autres font casquer les annonceurs. Et en voulant gagner sur tous les
tableaux, Microsoft éparpille ses forces. Ses logiciels professionnels se
font bousculer par des acteurs comme SAP, Oracle, et même par IBM, qui a
fini par proposer aussi du soft. Et si Microsoft reste dominant au niveau
grand public, les logiciels libres commencent à grappiller quelques parts de
marché. Quant au Net, Google reste le leader absolu.
Enfin le
problème, c’est que même si Microsoft parvient à acquérir Yahoo, saura-t-il
pour autant en tirer partie ? Dans le monde du web, la force de l’entreprise
réside d’abord en ses salariés.
Ceux de
Yahoo accepteront-ils de travailler sous la coupe d’un empire qui a plutôt
mauvaise presse ?
Bill Gates court ainsi le risque d’acheter une coquille vide pour 44,6
milliards de dollars.
Et entre-temps, l’équipe de Yahoo multiplie les initiatives pour se libérer
de l’étau, et appelle même Google à la rescousse.
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