[05/02/2008 23:39:01] PARIS (AFP) Pour réconcilier les ménages avec les statistiques officielles sur leur pouvoir d’achat, régulièrement critiquées, un rapport publié mercredi recommande la création de nouveaux indicateurs reflétant les nouveaux modes de consommation et la diversité de la société. L’Institut national de la statistique (Insee) a une “analyse macro-économique et conjoncturelle” qui est pertinente mais avec une “vocation globale, fondée sur des moyennes”, explique Alain Quinet, président de la commission sur la “mesure du pouvoir d’achat des ménages”, lancée en octobre dernier par la ministre de l’Economie, Christine Lagarde. Au-delà des explications possibles à cet écart croissant entre les chiffres de l’Insee sur le pouvoir d’achat (+2,4% en 2006, +3,3% en 2007) et le sentiment des Français sur l’érosion de leur niveau de vie, le rapport préconise tout d’abord de compléter la mesure du pouvoir d’achat de l’ensemble des ménages français par celle du “pouvoir d’achat des familles”. Partant du constat que, sous l’effet des séparations ou de l’allongement de la vie par exemple, le nombre de ménages croît beaucoup plus vite que la population française, la commission estime que l’augmentation du pouvoir d’achat global des ménages est loin de refléter l’évolution du pouvoir d’achat “par tête”. Un calcul par individu n’est toutefois pas non plus pertinent car il omet certaines économies liées à la “mutualisation” des dépenses dans les familles, comme le logement ou l’électroménager. Le rapport recommande donc de mesurer le pouvoir d’achat par “unité de consommation” selon l’échelle de l’OCDE, qui comptabilise la première personne du ménage comme 1 unité, puis chaque adulte (à partir de 14 ans) supplémentaire comme 0,5 unité et chaque enfant comme 0,3 unité. Alors que le pouvoir d’achat de l’ensemble des ménages a progressé en 2006 de 2,3%, l’augmentation par unité de consommation ne serait que de 1,4% selon ce mode de calcul. La commission, qui regroupait non seulement des techniciens mais aussi des représentants d’associations de consommateurs, insiste également pour que soient mieux mesurées “les disparités d’évolution du pouvoir d’achat”, par catégories socioprofessionnelles ou par types et tailles de familles. A défaut d’avoir pu définir précisément les “dépenses contraintes” ayant un caractère vital (alimentation, vêtements, logement, etc.), la commission préconise une mesure statistique des “dépenses pré-engagées”, c’est-à-dire faisant l’objet d’un contrat ou d’un abonnement (loyer et charges, télécommunications, cantines, assurances, services bancaires, etc). Ce type de dépenses a en effet fortement augmenté (13,4% du revenu en 1959, 29% en 2006), essentiellement sous le poids du logement. Enfin, la commission Quinet juge indispensable de mieux prendre en compte le logement, à la fois comme dépenses de loyer mais aussi en termes d’acquisition et de remboursement d’emprunt immobilier. Si l’Insee intègre dans ses calculs les loyers et charges, il exclut en revanche le coût d’achat, considéré comme un investissement et non pas comme de la consommation. C’est pourquoi le rapport souhaite aussi un indice des prix des logements neufs en plus de celui des logements anciens réalisé depuis quelques années par l’Insee. Selon M. Quinet, ces propositions doivent d’abord être soumises à l’avis du Conseil national de l’information statistique (CNIS) mais pourraient commencer à être appliquées dès cette année. |
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