[06/02/2008 18:07:27] LONDRES (AFP) La Banque d’Angleterre (BoE) doit rendre jeudi son verdict de politique monétaire dans un contexte cumulant craintes de récession et inflation persistante, la majorité des analystes se préparant à une baisse du principal taux directeur de 0,25% à 5,25%, après le statu quo de janvier. La petite phrase du gouverneur Mervyn King, le 22 janvier, soulignant que le taux directeur de la BoE, actuellement fixé à 5,50%, “pèse déjà probablement sur la demande” n’est pas passée inaperçue. “La question n’est plus aujourd’hui de savoir si la BoE va baisser ses taux mais de combien elle va les baisser” avance Howard Archer, économiste chez Global Insight. La totalité des 36 économistes de la City interrogés par l’agence Thomson Financial News a prédit une baisse de 25 points de base jeudi, certains n’excluant pas que cette baisse puisse atteindre 50 points. Le consensus qui se dégage, alors que la BoE a commencé mercredi sa réunion, penche en faveur de baisses des taux jusqu’à 4,50% avant la fin de l’année. Lors de sa dernière réunion, le 9 janvier, la BoE avait opté pour un statu quo, arguant d’une inflation (à 2,1%), déjà au-dessus de son objectif officiel (2%). La Banque d’Angleterre (BoE) avait voté le maintien à 5,5% de son taux d’intérêt directeur à une majorité de huit membres contre un, qui avait tranché avec l’unanimité du vote de décembre en faveur d’une baisse 25 points de base à 5,50%. Mais plusieurs indicateurs économiques ont pointé dans les dernières semaines un risque de ralentissement, dans la foulée des craintes aux Etats-Unis et des turbulences sur les marchés financiers, le tout aggravé par un marché immobilier fragile. Les premières estimations de croissance du quatrième trimestre ont en effet montré un début de ralentissement avec une progression de 0,6% par rapport au troisième trimestre, après 0,7% au trimestre précédent, et de 2,9% par rapport au quatrième trimestre 2006, contre 3,3% au troisième trimestre en glissement annuel. Et ce ralentissement a été manifeste dans les services financiers, où la croissance est passée de 1,3% au troisième trimestre à 0,4% au quatrième. Les prix de l’immobilier au Royaume-Uni ont été stables en janvier par rapport à décembre, selon une étude de la banque Halifax qui estime cependant qu’il reste “des signes persistants de faiblesse sur le marché” et espère une baisse des taux de la part de la BoE. Face à la crise financière, le gouvernement britannique a lui fait son choix: il a reconduit pour cinq ans Mervyn King, dont la réputation a été abîmée cet été par l’affaire Northern Rock, mais qui apparaît comme le meilleur candidat. M. King a une réputation de “faucon”, c’est-à-dire d’un dirigeant qui n’hésite pas à maintenir des taux d’intérêts élevés pour préserver le pays de l’inflation. En 11 ans, il n’a eu qu’une fois à écrire au ministre des Finances, en avril dernier, pour justifier une inflation dépassant 3%. Face à lui vont tenter de peser les “colombes” (favorables à une politique de taux plus souple) dont David Blanchflower qui avait voté en janvier en faveur de la baisse des taux. Il a déclaré récemment dans une interview au Guardian que “s’inquiéter de l’inflation, en ce moment, c’est comme jouer du violon en regardant Rome brûler”. Depuis l’été, et à l’exception de sa baisse de 0,25% en décembre, la BoE avait tenu le cap de la rigueur monétaire, à rebours de son homologue américaine, la Fed, qui a porté de 5,25 à 3% son taux directeur depuis septembre, et à l’image de la Banque centrale européenne (BCE) qui prône une politique de fermeté. Celle-ci doit décider, jeudi, également de l’orientation de son taux directeur dans un contexte de crainte d’une récession globale, dans le sillage de la déprime qui sévit actuellement aux Etats-Unis. |
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