La britannique Easyjet vient défier Air France dans son fief de Roissy

 
 
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Un avion Easyjet à l’aéroport de Genève, le 21 mai 2007 (Photo : Fabrice Coffrini)

[07/02/2008 12:49:33] PARIS (AFP) La compagnie britannique à bas coûts, Easyjet, numéro deux en France, a inauguré jeudi sa base de Paris-Charles de Gaulle, avec la volonté affichée de tailler des croupières à Air France, la compagnie historique, derrière laquelle elle a réussi à se hisser depuis cinq ans.

“Plus que jamais, Easyjet est la meilleure alternative française à Air France”, a déclaré le patron de la low cost, Andy Harrison, lors d’une conférence de presse à Paris. Le transporteur français s’est refusé à tout commentaire sur cet événement.

Au cours d’une cérémonie officielle, le secrétaire d’Etat français à la Consommation et au Tourisme, Luc Chatel, venu apporter démonstrativement son soutien à Easyjet, et M. Harrison ont coupé un ruban orange inaugural devant la Tour Eiffel, entourés d’une vingtaine d’hommes de piste, tous revêtus d’orange, les couleurs de la compagnie.

Easyjet vise 12 millions de passagers à partir de la France vers 80 destinations à l’horizon 2011, grâce à un investissement de 600 millions d’euros et à la création de deux nouvelles bases cette année, à Roissy-CDG et Lyon-Saint-Exupéry en avril.

Comparé à d’autres pays européens, l’Hexagone est encore peu acquis aux low costs, qui s’y sont véritablement développées à partir des années 2000. Selon des chiffres diffusés par Easyjet, la France a un taux de pénétration du transport à bas coût de l’ordre de 19% contre 37% en moyenne européenne et 55% pour l’Espagne par exemple.

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Le patron de la compagnie britannique low cost EasyJet, Andy Harrison, lors de la cérémonie d’inauguration le 7 février 2008 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Un retard dû, selon les experts, au poids de la fiscalité et des redevances pour services aéroportuaires en France, à la pénurie de créneaux de décollage et d’atterrissage en région parisienne, à la férocité d’Air France qui baissait ses prix et à la concurrence du TGV sur certaines destinations.

Certains pointent également du doigt le comportement des Français, qui ont tardé à utiliser internet, comparé à d’autres Européens, et à leur moindre propension à voyager à l’étranger pendant leur vacances. Les premiers avions de low cost sur le sol français venaient des pays du Nord, comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne, transportant des touristes avides de rivages ensoleillés, de culture et de patrimoine.

Mais les pouvoirs publics français sont désormais acquis à l’essor des compagnies à bas coût. “Si je suis présent parmi vous, c’est que je considère que le développement du low cost en France, c’est bon pour les consommateurs et le tourisme”, a estimé M. Chatel.

“L’avènement du low cost permet soit de toucher une clientèle nouvelle, soit de toucher une clientèle qui en comprimant son budget transport, va dépenser plus dans l’hébergement et les achats en France”, a-t-il ajouté.

En ouvrant une base à Roissy après Orly, privilégiant ainsi un grand aéroport traditionnel plutôt qu’un secondaire comme le fait sa rivale irlandaise Ryanair à Beauvais, Easyjet vient directement chasser sur les terres d’Air France.

“Air France est un éléphant, nous ne voulons pas être comme eux. Nous pratiquons du transport à bas-coût moyen courrier en Europe et non du long courrier”, affirme M. Harrison.

Il n’empêche: parmi les six nouvelles liaisons proposées par la compagnie au départ de Roissy, trois desservent les mêmes villes que Transavia, filiale d’Air France, à mi-chemin entre charter et low cost: Marrakech, Porto et Cracovie. Et M. Harrison semble peu croire en l’avenir de ce petit transporteur créé en 2007, jugeant sa compagnie “plus efficace”.

Après la France, M. Harrison veut surtout se développer en Espagne et en Italie. “D’ici à la fin de l’année, nous allons doubler notre capacité à l’aéroport de Milan”. Et pour plus tard, il a de grandes ambitions: “Notre mission est de couvrir l’Europe d’orange.”

 07/02/2008 12:49:33 – © 2008 AFP