La BCE s’inquiète pour l’économie et s’ouvre l’option d’une baisse de taux

 
 
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Le président de la BCE Jean-Claude Trichet, le 25 janvier 2008 (Photo : Joël Saget)

[07/02/2008 16:47:20] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) s’est montrée jeudi plus inquiète concernant l’impact de la crise financière sur l’économie de la zone euro, s’ouvrant l’option de baisser ses taux directeurs dans les mois à venir si nécessaire.

“Les incertitudes concernant les perspectives de la croissance économique sont inhabituellement élevées”, a déclaré son président Jean-Claude Trichet lors d’une conférence de presse.

Ces termes, répétés à l’envi ce jeudi, signalent un changement d’ambiance au sein du conseil des gouverneurs, qui a décidé “à l’unanimité” jeudi de garder le principal taux inchangé à 4%.

En Grande-Bretagne, la Banque d’Angleterre a abaissé le sien d’un quart de point à 5,25%, mais les gardiens de l’euro n’ent sont pas encore là. Aucun gouverneur n’a appelé à réduire les conditions du crédits en zone euro jeudi, a précisé le Français, mais aucun n’a plaidé non plus en faveur d’une hausse de taux.

Le virage est conséquent. Il y a un mois seulement, certains membres du conseil avaient réclamé une augmentation du loyer de l’argent, soulignant les dangers de second-tour, où les hausses de prix se propagent aux salaires, créant un effet de spirale inflationniste.

Certes ces risques existent toujours et M. Trichet n’a pas manqué d’appeler les partenaires sociaux à conclure des accords salariaux modérés. Mais il a davantage insisté sur les menaces pour l’économie, reconnaissant que dans le meilleur des cas, la hausse du PIB serait inférieure à 2% cette année.

La BCE semble ainsi avoir fait son deuil de l’idée d’augmenter de nouveau les taux, après huit remontées depuis décembre 2005, pour revenir à une politique monétaire neutre, même si M. Trichet n’a pas voulu employer ce terme.

En gardant le principal taux directeur à 4%, le conseil estime être “en mesure de garantir une stabilité des prix à moyen terme”, a-t-il expliqué.

En un mois, les événements se sont précipités et la BCE n’avait d’autre choix que d’adapter son message. Craignant une récession aux Etats-Unis, les marchés boursiers se sont écroulés et ont contraint la Réserve fédérale à une action d’urgence. En huit jours, le principal taux américain est tombé de 4,25% à 3%.

La baisse de confiance des industriels et des consommateurs, le recul des ventes de détail en décembre, en pleine période de Noël, n’augurent rien de bon pour la zone euro, qui va aussi pâtir du ralentissement prévu de la croissance mondiale, le tout étant de savoir dans quelle ampleur.

Avant de trancher, la BCE va attendre. Et réagira en fonction des événements, a dit le Français, une façon aussi de s’ouvrir clairement l’option d’une baisse de taux.

Interrogé sur la pertinence des attentes des marchés, qui misent sur une première réduction en zone euro dès le mois d’avril, il n’a pas voulu répondre directement.

Mais il a toutefois précisé que la BCE souhaitait à l’avenir rester “prévisible” dans ses décisions sur les taux à court terme. “Les surprises ont été très rares (par le passé) et cela va probablement continuer”, a-t-il indiqué.

En mars, l’institut monétaire publiera ses nouvelles prévisions de croissance et d’inflation, l’occasion pour la BCE, jugent de nombreux économistes, de clarifier la direction que prendra la politique monétaire, vraisemblablement une baisse de taux.

Sylvain Broyer, analyste chez Natixis, y croit encore davantage après la conférence de ce jour et maintient son pronostic d’une première baisse de taux en avril. Pour la suite, il parie sur un principal taux ramené à 3% à la fin de cette année.

 07/02/2008 16:47:20 – © 2008 AFP