La Société Générale en quête d’argent frais, la menace d’OPA s’éloigne

 
 
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Vue générale du siège de la Société Générale, prise le 15 février 2002 à La Défense (Photo : Jean-Pierre Muller)

[07/02/2008 18:44:55] PARIS (AFP) La Société Générale va prochainement lever des fonds sur les marchés pour combler la perte provoquée par le trader Jérôme Kerviel, une opération qui devrait la rendre moins vulnérable à un raid boursier, alors que trois grandes banques européennes ont écarté jeudi tout projet de rachat.

Si la banque n’a toujours pas dévoilé le calendrier de son augmentation de capital de 5,5 milliards d’euros, une porte-parole de l’Autorité des marchés financiers (AMF) a indiqué jeudi à l’AFP qu’elle avait reçu “cette semaine” le prospectus d’information et qu’il serait examiné “dans les prochains jours”.

Le collège de l’AMF devrait se réunir vendredi matin pour “statuer” sur cette opération, selon une source proche du dossier.

Le fait que la banque ne dispose pas encore de comptes 2007 certifiés ne constitue pas un obstacle au lancement de l’opération, la règle européenne en la matière (connue sous le nom de “directive prospectus”) stipulant qu’une autorité boursière peut délivrer son visa sur la base de comptes “estimés”.

La Société Générale a réuni mercredi soir son conseil d’administration pour examiner les modalités de cet appel public à l’épargne, mais rien n’a filtré.

L’opération devrait largement compenser la perte de 4,9 milliards d’euros imputée à Jérôme Kerviel et permettre à la banque de financer le rachat de la russe Rosbank pour 1,7 milliard de dollars.

Le projet de recapitalisation avait été dévoilé dans la foulée de l’annonce de ses pertes record afin de rassurer actionnaires et clients sur la capacité de la banque à surmonter ses difficultés.

“La Société Générale est tellement solide qu’au contraire de la Barings, le jour où nous annonçons la fraude, la situation financière de la banque est non seulement restaurée, mais elle est plus forte”, avait alors affirmé Daniel Bouton, le PDG de la banque.

A l’issue de cette émission d’actions nouvelles, la Société Générale sera en outre moins vulnérable à une offre car elle se payera 14,5% de plus que sa valeur boursière actuelle (37,8 milliards d’euros).

Trois grandes banques européennes, l’espagnole Santander, l’allemande Deutsche Bank et l’italienne Intesa Sanpaolo, citées comme de possibles repreneurs de tout ou partie de la banque française, ont exclu jeudi de la racheter ou de fusionner avec elle.

Mais si la menace d’OPA semble s’éloigner, les critiques continuent à pleuvoir sur la banque.

Le commissaire européen au Marché Intérieur, Charlie McCreevy, a ainsi estimé que la Société Générale était “inexcusable” pour l'”imprudence abjecte” dont elle avait fait preuve en ne contrôlant pas suffisamment les risques pris par son trader.

Malgré cette défaillance, M. Bouton a obtenu que deux banques américaines, JP Morgan et Morgan Stanley, garantissent la réussite de cette opération, une assurance cruciale pour la crédibilité de la banque et de son patron.

La Société Générale a prévu d’octroyer un droit de souscription prioritaire à ses actionnaires, au premier rang desquels se trouvent ses salariés, avec 7,5% du capital. Groupama, premier investisseur extérieur avec 3,5% du capital, a annoncé qu’il allait souscrire au moins dans la même proportion à l’augmentation de capital. La Caisse des dépôts, présente au capital à hauteur de 2,03%, devrait faire de même.

Les analystes tablent sur un prix d’émission offrant une décote allant jusqu’à 30% par rapport au cours de Bourse.

Par ailleurs, le parquet général de la cour d’appel de Paris a annoncé son intention de requérir le placement en détention de Jérôme Kerviel, après sa mise en examen le 28 janvier et son placement sous contrôle judiciaire.

 07/02/2008 18:44:55 – © 2008 AFP