[08/02/2008 16:11:09] PARIS (AFP) L’équipementier Alcatel-Lucent a terminé une année 2007 difficile sur une grosse perte, et n’est guère optimiste pour 2008 en raison des risques de récession mondiale qui pourraient peser sur le secteur. Le groupe, en pleine restructuration, a annoncé vendredi comme prévu un bon quatrième trimestre, en terme de ventes et de résultat d’exploitation. En revanche, il a surpris le marché en procédant à une dépréciation d’actifs de 2,58 milliards d’euros. Cette dépréciation concerne notamment sa branche de téléphonie mobile à la norme CDMA, surtout en vigueur aux Etats-Unis. Ces activités, dont la valeur a été revue à la baisse, étaient celles apportées par l’américain Lucent lors de sa fusion en décembre 2006 avec le français Alcatel. Avec cette dépréciation, le groupe passe dans le rouge à hauteur de 3,5 milliards d’euros, après une perte de 176 millions l’année précédente. Ce “trou”, cumulé à “l’incertitude” des marchés, ont poussé le conseil d’administration a décidé par “prudence” de “suspendre” le versement d’un dividende, une pratique avec laquelle il avait pourtant renoué en 2005 après plusieurs années de vaches maigres. A la Bourse, le titre Alcatel-Lucent oscillait fortement vendredi, signe de la difficulté du marché à interpréter les résultats 2007. Après avoir ouvert en forte baisse de près de 5%, il gagnait dans l’après-midi près de 1%. La situation économique mondiale, avec les risques de récession, “crée une certaine incertitude sur nos marchés pour les prochains mois”, a mis en garde Patricia Russo, la directrice générale du groupe, qui veut faire preuve de “prudence”. Au premier trimestre 2008, Alcatel-Lucent devrait enregistrer une baisse de 20 à 25% du chiffre d’affaires par rapport au 4e trimestre 2007, une chute que l’équipementier attribue à un effet de saisonnalité. Pour cette même période, le groupe s’attend à une perte d’exploitation. Pour 2008, le groupe refuse de faire des prévisions sauf sur sa marge d’exploitation qui devrait être comprise entre 2,5 et 5%. Le groupe table sur un marché des télécoms tout juste à l’équilibre, soit en “légère augmentation” à taux de change euro/dollar constant soit en “légère baisse” à taux de change courant. Alcatel-Lucent n’est pas le seul affecté. Ses principaux concurrents accusent le coup, à l’exception du finlandais Nokia récemment marié à l’allemand Siemens et qui vient de terminer l’année dans l’euphorie. Le suédois Ericsson, numéro un mondial des réseaux de téléphonie mobile, a annoncé des résultats en berne et il devra tailler dans ses effectifs pour rester compétitif. L’équipementier américain Cisco a lui aussi déclaré s’attendre à un “environnement extrêmement difficile” dans les mois à venir. Alcatel-Lucent “n’envisage” pas de nouveau plan social, a assuré Mme Russo. Depuis sa fusion, le groupe a annoncé des plans successifs. Au total 16.500 emplois doivent être supprimés dans le monde d’ici 2009, dont plus de 1.800 en France. Fin 2007, 6.700 personnes avaient quitté le groupe, compensées par 1.400 recrutements. A cette même date Alcatel-Lucent comptait 77.400 collaborateurs, contre 82.700 un an plus tôt. Mme Russo a été interrogée sur l’absence de Serge Tchuruk à la conférence de presse. L’ancien PDG d’Alcatel et actuel président du conseil d’administration de la nouvelle entité fait l’objet de rumeurs persistantes de démission. Mme Russo a répondu qu’étant donné les fonctions non opérationnelles de M. Tchuruk, il “n’y avait pas lieu de s’étonner” de son absence. Elle a aussi réaffirmé, comme l’a déjà fait M. Tchuruk, que ce dernier n’avait pas l’intention de quitter le groupe. |
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