Crise énergétique en Afrique du Sud : Mbeki rejette les craintes de récession

 
 
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Le président sud-africain Thabo Mbeki, le 12 janvier 2008 à Pretoria (Photo : Alexander Joe)

[08/02/2008 16:59:08] LE CAP (AFP) Le président sud-africain Thabo Mbeki a rejeté vendredi les craintes d’une récession de la première économie du continent, tout en présentant ses excuses pour la pénurie d’électricité qui menace la croissance.

Lors de son message annuel à la Nation, Mbeki a admis l’existence d’un profond mal être quant à l’avenir du pays, mais a affirmé que les fondations de l’économie restaient solides.

“Nous sommes, c’est vrai, confrontés à des défis, mais des défis surmontables”, a-t-il déclaré devant le Parlement, au Cap (sud-ouest).

“Comme le reste de notre gouvernement, je suis convaincu que les principes, qui ont présidé au progrès de notre pays ces quatorze dernières années, sont toujours en vigueur.”

Depuis son élection il y a neuf ans, le libéral Mbeki a enregistré à son actif une croissance économique ininterrompue, ce qui n’a pas empêché, en décembre, son éviction de la direction du parti au pouvoir au profit de son rival populiste Jacob Zuma.

Sa réputation de bon gestionnaire subit un sérieux revers avec l’actuelle pénurie d’électricité, annoncée depuis une décennie et due au manque de modernisation des infrastructures.

Johannesburg, la capitale économique, est la plus touchée, avec des pannes de courant quasi quotidiennes qui ont paralysé jusqu’aux mines d’or, de diamants et de platine en janvier. Des analystes ont mis en garde contre une fuite des investisseurs étrangers, les pertes des entreprises étant estimées à plusieurs centaines de millions de dollars.

M. Mbeki a attribué cette crise à une “hausse significative” de la demande qui a surpassé ces deux dernières années la capacité de génération. “Il faut saisir cette opportunité pour présenter au pays les excuses à la fois du gouvernement et de (la compagnie publique d’électricité) Eskom à propos de cette urgence nationale”, a-t-il ajouté.

Mais, selon lui, le problème est gérable et n’aura pas d’impact sur le Mondial de football, organisé en 2010 par l’Afrique du Sud, pour la première fois sur le continent. “Je n’ai aucun doute sur le fait que nous honorerons notre engagement envers la FIFA et la communauté mondiale des joueurs et amateurs de football afin de créer les conditions nécessaires à l’organisation de la meilleure Coupe du monde de tous les temps.”

“Nous sommes confrontés à une urgence, mais nous pouvons surmonter les problèmes dans un temps relativement court. La situation a précipité l’inévitable prise de conscience que l’époque d’une électricité très bon marché et abondante est terminée”, a-t-il estimé, précisant que le gouvernement s’attachait à faire diminuer la consommation, tout en investissant dans des générateurs électriques de nouvelle génération.

M. Mbeki a été ovationné par les députés, dont les trois quarts appartiennent au Congrès national africain (ANC, au pouvoir).

Jacob Zuma lui-même a qualifié son discours de “bien équilibré” et repris à son compte son approche de la crise énergétique: “Le président a mis l’accent sur des thèmes que nous soutenons tous”.

Mais l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition, a estimé que le chef de l’Etat ne se comportait pas comme un leader et elle présentera, la semaine prochaine devant le Parlement, une motion appelant à des élections anticipées.

“Dans un démocratie, les fauteurs de troubles doivent rendre des comptes”, a déclaré la présidente de DA, Helen Zille, réclamant le limogeage des responsables de la crise énergétique et qualifiant l’intervention de Mbeki de “discours d’un patron qui pense travailler avec une équipe de bons gestionnaires, ce que le président n’a pas.”

Patricia de Lille, dirigeante des Démocrates indépendants, a pour sa part déclaré à l’AFP que le chef de l’Etat n’avait “pas répondu aux problèmes auxquels nous sommes confrontés tels que la crise de l’électricité”.

 08/02/2008 16:59:08 – © 2008 AFP