Société Générale : le courtier en garde à vue entendu samedi et laissé en liberté

 
 
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Jérôme Kerviel, le 5 février 2008 à Paris (Photo : Martin Bureau)

[09/02/2008 14:01:55] PARIS (AFP) Le courtier de Fimat, une filiale de la Société Générale, soupçonné d’avoir eu connaissance des agissements de Jérôme Kerviel et placé jeudi en garde à vue à la brigade financière, a été entendu samedi en tant que témoin assisté et laissé en liberté, selon une source judiciaire.

Ce courtier de la Fimat était en relation professionnelle avec Jérôme Kerviel, le trader soupçonné de falsifications qui ont coûté 4,82 milliards d’euros à la banque.

Selon une source proche du dossier, Jérôme Kerviel passait une partie de ses ordres d’achats et de ventes sur les produits dérivés via cette société de courtage, qui a fusionné le 22 janvier avec une filiale de Calyon pour devenir Newedge.

Des messages électroniques instantanés (“chat”) entre le courtier et Jérôme Kerviel, suggérant que le gardé à vue était au courant des agissements du trader, ont été versés au dossier d’instruction par la Société Générale, selon cette source.

L’un de ces messages du 30 novembre 2007, cité par Le Monde, était ainsi libellé: “Tu n’as rien fait d’illégal au sens de la loi”.

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Elisabeth Meyer, un des deux avocats de Jérôme Kerviel, le 8 février 2008 à Paris (Photo : Bertrand Guay)

La cour d’appel de Paris a ordonné vendredi le placement en détention provisoire de Jérôme Kerviel pour éviter notamment que le trader, soupçonné de falsifications ayant coûté 4,82 milliards d’euros à la Société Générale, ne se concerte avec d’éventuels complices.

L’arrêt de la chambre de l’instruction est intervenu quelques heures après l’annonce du placement en garde à vue d’un courtier travaillant dans une filiale de la Société Générale qui pourrait avoir eu connaissance des agissements de M. Kerviel.

Après plus d’une heure et demie de délibéré, les magistrats de la chambre de l’instruction ont suivi les réquisitions du parquet général et décidé de placer en détention provisoire le trader âgé de 31 ans pour “éviter toute concertation avec d’éventuels complices ou coauteurs”, selon une source judiciaire.

Cette décision vise également à éviter des “pressions sur d’éventuels témoins” et “garantir sa représentation en justice”, selon cette source.

Depuis la révélation de ses agissements présumés, M. Kerviel avait répondu à toutes les convocations devant les policiers ou les magistrats.

L’avocat de la Société Générale, Jean Veil, a affirmé samedi sur RTL que le courtier d’une filiale de la banque en garde à vue depuis jeudi et Jérôme Kerviel, trader soupçonné de falsifications qui ont coûté 4,82 milliards d’euros, “étaient amis”.

“Ce que l’on sait à ce stade-ci c’est que les deux courtiers étaient amis, communiquaient”, a déclaré Me Veil, interrogé sur le changement de ligne de la Société Générale qui a jusqu’ici toujours affirmé que M. Kerviel avait agi seul.

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Jean Veil, l’avocat de la Société Générale, le 8 février 2008 à Paris (Photo : bertrand guay)

“Est-ce que le courtier en garde à vue était simplement au courant de ce que faisait Jérôme Kerviel, l’a-t-il assisté et aidé? L’enquête le démontrera, dans ce genre de sujet, il faut être prudent et c’est la raison pour laquelle je pense que la détention s’impose”, a poursuivi l’avocat.

Vendredi, le trader a rejoint le tribunal dans une voiture conduite par son avocate, Elisabeth Meyer, et qui s’est engouffrée, par le 34 quai des Orfèvres, dans le palais de justice.

Emue et déçue par la décision de la chambre de l’instruction, Me Meyer a annoncé son intention de se pourvoir lundi en cassation.

“Je sors seule. Jérôme Kerviel est parti en prison (…) Le magistrat instructeur avait compris que les conditions d’une mise en détention n’étaient pas réunies. C’est maintenant, le pot de terre contre le pot de fer”, a déclaré Me Meyer à la presse.

Les juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset, qui ont mis le tradrer en examen le 28 janvier, avaient décidé de le maintenir sous contrôle judiciaire, contre l’avis du parquet qui avait fait appel.

Pour l’avocat de la Société Générale, Jean Veil, “cette décision est cohérente avec le dossier compte tenu de l’importance des pertes causées par des manoeuvres avouées par M. Kerviel et dont il est évidemment responsable”.

“M. Kerviel a pu apparaître animé d’une franchise absolue. Aujourd’hui la situation est probablement différente”, a estimé Me Veil, qui a déploré “l’éloignement entre ses déclarations et la vérité”.

La décision de la chambre de l’instruction était intervenue au lendemain du placement en garde à vue d’un courtier de la Fimat, filiale de la banque et qui était en relation professionnelle avec M. Kerviel.Selon une source proche du dossier, il passait une partie de ses ordres d’achats et de ventes via la Fimat, une société de courtage qui a été fusionnée le 22 janvier avec une filiale de Calyon pour devenir Newedge.

La garde à vue de ce courtier avait été prolongée de 24H00 à la mi-journée.

Son avocat, Jean-David Scemama, avait affirmé être “étonné de la concomitance” de la révélation de la garde à vue vendredi matin et l’examen de l’appel du contrôle judiciaire.

Il s’était toutefois dit “serein” sur la situation du gardé à vue, précisant que M. Kerviel était “l’un des clients” du courtier de la Fimat.

Christophe Reille, porte-parole de M. Kerviel, s’était déclaré surpris alors que son client avait selon lui mentionné dès sa garde à vue l’existence de ses liens avec la Fimat.

 09/02/2008 14:01:55 – © 2008 AFP