Société Générale : le courtier ami de Kerviel remis en liberté faute d’éléments à charge

 
 
[09/02/2008 20:09:16] PARIS (AFP)

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Bâtiment de la police financière à Paris, le 9 février 2008 (Photo : Jean Ayissi)

Au lendemain du placement en détention de Jérôme Kerviel, le courtier qui avait été soupçonné d’une éventuelle complicité avec le trader a été remis en liberté samedi, faute d’éléments suffisants, par les juges qui l’ont cependant placé sous le statut de témoin assisté.

Le choix de ce statut (entre le témoin et le mis en examen) montre que les juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset estiment, en l’état, ne pas disposer d’éléments suffisants démontrant que le courtier de la Fimat, filiale de la Société Générale, a été complice de Kerviel et a commis un délit.

L’homme, après 48 heures de garde à vue, n’a pas souhaité samedi répondre immédiatement aux questions des magistrats et sera convoqué ultérieurement, a précisé le parquet. Il est ressorti libre du palais de justice, sans faire de commentaire.

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Jérôme Kerviel, le 5 février 2008 à Paris (Photo : Martin Bureau)

Le parquet a indiqué qu’il n’avait pas pris de réquisitions et ne ferait pas appel de la décision des juges. Une source judiciaire avait cependant indiqué auparavant qu’il demanderait le placement du courtier sous mandat de dépôt. Ce flottement fait suite au bras de fer qui a opposé le parquet et les juges sur le contrôle judiciaire de Jérôme Kerviel.

Mon client “a parfaitement expliqué (…) que toutes les règles ont été respectées. Toutes les règles professionnelles, toutes les règles des marchés et toutes les instructions de ses supérieurs”, a déclaré l’avocat du courtier, Me Jean-David Scemama.

“Toutes les opérations qu’il a faites sont des opérations qui ont été autorisées, des opérations qui ont été contrôlées, suivies et, j’ai envie de le dire, encouragées”, a-t-il ajouté.

Selon des sources proches du dossier, Jérôme Kerviel, soupçonné de falsifications qui ont coûté 4,82 milliards d’euros à la Société Générale, a passé une partie de ses ordres d’achats et de ventes via la société de courtage Fimat (aujourd’hui Newedge).

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Jean Veil, l’avocat de la Société Générale, le 8 février 2008 à Paris (Photo : bertrand guay)

Des messages électroniques instantanés (“Chat”) entre Jérôme Kerviel et le courtier suggérant que ce dernier était au courant des agissements du trader ont été versés au dossier d’instruction par la banque.

Prélevés en début de semaine par des policiers dans l’ordinateur de Jérôme Kerviel à la salle des traders de la Société Générale, ils montrent des liens étroits entre les deux hommes.

Ainsi, le 13 décembre, le courtier dit à Kerviel: “il va te falloir impérativement des vacances”. “En taule”, répond le trader, selon des extraits publiés par le nouvelobs-com et confirmés de source proche du dossier.

“N’importe quoi. Qu est que tas fait de mal. Tu as violé personne. Tu nas rien fait d’illégal au sens de la loi”, enchaîne le courtier.

“g fait un max de tunes. C tout”, dit le trader qui fanfaronne: “ca va montrer la puissance Kerviel”.

La mise en cause d’éventuels complices suppose “un acte positif”, avait rappelé la semaine dernière le chef de la section financière du parquet, Jean-Michel Aldebert. “Cela veut dire que pour être complice, il faut avoir cautionné des faux” ou aidé Jérôme Kerviel à “falsifier” des opérations, avait-il précisé.

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Elisabeth Meyer, un des deux avocats de Jérôme Kerviel, le 8 février 2008 à Paris (Photo : Bertrand Guay)

“Les juges ont considéré qu’il n’existait pas en l’état d’indices graves et concordants justifiant la mise en examen du courtier”, a constaté l’avocat de la Société Générale, Jean Veil.

“Cela montre que l’enquête est complexe et justifie la décision de cour d’appel de Paris pour éviter toute concertation éventuelle”, a-t-il ajouté.

La révélation de la garde à vue du courtier était intervenue vendredi, quelques heures avant l’examen par la cour d’appel de Paris de l’appel concernant le maintien sous contrôle judiciaire de Jérôme Kerviel. Ce dernier a finalement été placé en détention provisoire à la prison de la Santé vendredi.

Son avocate, Me Elisabeth Meyer, avait alors estimé que la garde à vue du courtier avait été “l’argument pour l’envoyer en prison”, Me Veil jugeant, lui, que l’évènement n’avait eu “aucune incidence” sur la décision de la cour.

 09/02/2008 20:09:16 – © 2008 AFP