Société Générale : l’augmentation de capital aura valeur de test de confiance

 
 
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Vue générale du siège de la Société Générale, prise le 15 février 2002 à La Défense (Photo : Jean-Pierre Muller)

[11/02/2008 20:11:45] PARIS (AFP) La Société Générale a donné le coup d’envoi lundi de son augmentation de capital, une opération qui constitue un test de la confiance des investisseurs après l’affaire Kerviel, et a lancé le chantier de l’amélioration des procédures de contrôle interne.

Le succès de cette levée de fonds, d’un montant de 5,5 milliards d’euros, est assuré dès lors que deux banques d’affaires américaines, JP Morgan et Morgan Stanley, se sont engagées à acheter les actions si elles ne trouvaient pas preneurs.

En outre, la banque a fixé un prix très attractif de 47,50 euros pour les actions nouvelles, soit une décote de près de 40% par rapport au cours de l’action à la clôture de la Bourse de Paris vendredi (77,72 euros).

“Les conditions de l’opération sont prudentes”, a commenté Alain Dupuis de la maison de courtage Oddo Securities. Si la banque avait fixé un prix supérieur, à 60 ou 65 euros, “il y avait un risque énorme”. Mais 47,50 euros “est un prix qui garantit presque l’opération”, juge cet analyste.

Pour Yves Marçais, stratégiste chez Global Equities, “l’ampleur de la décote a surpris”.

Le titre a encore fortement baissé à la Bourse de Paris, perdant plus de 4%, à 74,59 euros.

La période de souscription des 116,6 millions d’actions nouvelles s’ouvrira le 21 février et se terminera le 29 au soir.

Pour “protéger les intérêts” de ses actionnaires, la Société Générale a fait en sorte qu’ils soient servis en priorité: chaque actionnaire disposera d’un “droit préférentiel de souscription” l’autorisant à acheter une nouvelle action pour quatre détenues.

En regonflant sa valeur en Bourse, cette opération la rend moins vulnérable à un raid hostile, ce qui crédibilise du coup le scénario d’un rapprochement amical avec BNP Paribas.

Le patron d’Unicredit, Alessandro Profumo, a estimé que la Société Générale resterait indépendante. Des contacts entre la banque française et la première banque italienne avaient été noués au printemps en vue d’un possible mariage mais, selon M. Profumo, des différences de culture y ont fait obstacle.

Alors que l’offre sera ouverte au public en France ainsi que dans huit pays européens, la direction de la banque va entamer une tournée des investisseurs sur les différentes places boursières européennes.

Par ailleurs, la Société Générale a reconnu lundi que Jérôme Kerviel avait réalisé un gain de 1,4 milliard d’euros à la fin de 2007, sur lequel la banque va devoir payer des impôts.

Le trader s’est ensuite lancé dans une fuite en avant, accumulant en trois semaines quelque 50 milliards d’euros de nouvelles positions qui se sont retrouvées perdantes quand les indices boursiers ont chuté.

Alors que le gouvernement avait épinglé les procédures de contrôle internes et demandé leur renforcement, le directeur financier de la Générale, Frédéric Oudéa, a assuré lors d’une conférence téléphonique que la banque avait “tiré les leçons de ce grave incident en renforçant” ses “contrôles sur les risques opérationnels”.

Ce chantier, évalué à 50 millions d’euros en 2008, concerne au premier chef la sécurité informatique que le trader avait réussi à subvertir.

Au plan judiciaire, l’enquête continue. L’avocate du trader, Me Elisabeth Meyer, a indiqué lundi qu’elle allait déposer “très rapidement” une demande de mise en liberté de M. Kerviel, placé en détention vendredi.

Un courtier de Fimat, filiale de la Société Générale, présenté comme un possible complice, a été entendu samedi par les juges sous le statut de témoin assisté.

 11/02/2008 20:11:45 – © 2008 AFP