[12/02/2008 19:48:27] MOSCOU (AFP) Les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Viktor Iouchtchenko ont annoncé mardi un accord de principe sur la crise gazière qui opposait leurs deux pays, à l’instant même où expirait un ultimatum du géant gazier Gazprom menaçant l’approvisionnement ukrainien. “Nous avons entendu que l’Ukraine allait honorer sa dette (envers Gazprom) dans les jours qui viennent. Nous nous sommes mis d’accord sur les principes de coopération, pour 2008 et pour les années à venir”, a déclaré M. Poutine au cours d’une conférence de presse commune avec M. Iouchtchenko, au terme d’une rencontre au Kremlin. “Aujourd’hui ou demain, ces accords seront couchés sur le papier”, a-t-il ajouté. “Les propositions faites par les partenaires ukrainiens arrangent Gazprom”, a-t-il dit. M. Iouchtchenko a confirmé que la dette pour 2007 serait remboursée à partir de jeudi. L’annonce est tombée à 18H00 (15H00 GMT), heure à laquelle Gazprom avait prévu de réduire d’un quart son approvisionnement à l’Ukraine si celle-ci n’honorait pas des arriérés de dette d’un milliard et demi de dollars. Gazprom menaçait de cesser ses livraisons de gaz russe, soit un quart du total livré actuellement à l’Ukraine par le groupe. Le reste, en provenance d’Asie centrale, n’était pas concerné par l’ultimatum. La compagnie russe s’était dès le début de la crise, jeudi, engagée à ce que l’approvisionnement de ses clients occidentaux ne soit pas affecté. La situation était toutefois suivie de très près à Bruxelles, comme à Washington. La Russie et l’Ukraine n’en sont pas à leur première crise gazière : la plus aiguë les a opposées en janvier 2006, provoquant une brève interruption des livraisons vers l’Union européenne. Environ 80% du gaz russe consommé par les Européens transite par l’Ukraine et 20% par le Bélarus. Sur le point le plus épineux du dossier, la demande de Kiev de supprimer un intermédiaire controversé dans les livraisons de Gazprom à l’Ukraine, RosUkrEnergo, un accord a aussi été trouvé.
Le dirigeant de Gazprom Alexeï Miller a annoncé dans la soirée que cet intermédiaire serait remplacé par une structure plus transparente, détenue à parts égales par Gazprom et le groupe public ukrainien Naftogaz. Le Premier ministre ukrainien pro-occidental, Ioulia Timochenko, qui réclamait ardemment cette suppression, a donc obtenu partiellement gain de cause. Mais Mme Timochenko, elle-même attendue dans la capitale russe le 21 février, s’est fait voler la vedette par M. Iouchtchenko. Mme Timochenko, très active sur le dossier du gaz depuis son retour au pouvoir fin 2007, veut aussi faire payer davantage la Russie pour le transit du gaz russe via l’Ukraine. Les deux présidents, dont les relations ont souvent été tendues en raison des aspirations pro-occidentales de M. Iouchtchenko, arrivé au pouvoir en 2004 à la faveur de la Révolution orange, ont paru jouer globalement la carte de la conciliation. M. Poutine, très irrité par le projet de bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque, a toutefois mis l’Ukraine en garde contre la tentation de s’y joindre ou d’accueillir des bases de l’Otan sur son territoire. “Dire, même penser que la Russie, en réponse, pointera (…) ses missiles sur l’Ukraine, cela fait peur”, a dit le président russe, dans une formule équivoque. M. Iouchtchenko, dont le pays vient d’obtenir le droit d’entrer dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a réitéré pour sa part son souhait que “la Russie entre le plus vite possible dans l’OMC”. Il avait récemment laissé entendre que Kiev pourrait utiliser sa position de nouveau membre de l’OMC pour faire pression sur Moscou, encore en négociations, dans certains dossiers. |
||||
|