[12/02/2008 20:14:59] PARIS (AFP) Les Echos ne paraîtront pas mercredi, les journalistes voulant manifester leur “défiance” envers la direction, après que le directeur de la rédaction Erik Izraelewicz eut annoncé son départ et dénoncé les “interventions” du Pdg Nicolas Beytout, ce que ce dernier a démenti. Il s’agit du premier conflit entre la rédaction et la direction depuis le rachat du groupe fin décembre par LVMH. Avant cette cession, les salariés s’étaient pendant plusieurs mois opposés à la venue du géant du luxe au nom de l’indépendance éditoriale. En début d’après-midi, Erik Izraelewicz, qui s’était activement opposé à l’arrivée de LVMH, a réuni la rédaction pour lui annoncer son prochain départ pour La Tribune. Il rejoindra “dans les prochains jours” le concurrent des Echos en tant que directeur général adjoint et directeur des rédactions, a confirmé La Tribune. D’une voix tremblante, le directeur de la rédaction, a souligné qu’il s’agissait d’une décision “particulièrement douloureuse”, selon plusieurs participants. Pour expliquer son départ, le directeur de la rédaction a évoqué une série d'”interventions” de M. Beytout “dans les menus” du journal et dans la conclusion de partenariats avec des médias audiovisuels, selon un salarié. Nicolas Beytout a été nommé par LVMH Pdg de son pôle médias DI Group et du groupe Les Echos, dont il assure également la direction générale. M. Izraelewicz a souligné avoir “découvert un Janus” en la personne de M. Beytout qui était auparavant “presque un ami”, parlant “d’arrogance, de mépris, de mauvaise foi, de perversité”, selon un autre participant. Réagissant à ces propos, M. Beytout a déclaré à l’AFP être “effaré” et “scandalisé” par l’attitude de M. Izraelewicz, affirmant que ce dernier négociait “depuis un bon mois” son départ à la Tribune. “Rien de tout ce qu’il dit (concernant) des interventions et des pressions n’est vrai”, a-t-il insisté, ajoutant: “Je ne suis jamais intervenu sur le contenu du journal”. Peu après l’intervention de M. Izraelewicz, M. Beytout s’est à son tour exprimé devant la rédaction pour tenter de la rassurer, sans pour autant parvenir à la convaincre. Lors d’une assemblée générale, les journalistes ont décidé par 106 voix pour, 41 contre, 2 blancs et 2 nuls, la non-parution du quotidien et l’arrêt de la production du site internet mercredi afin de “manifester leur défiance”. Dans un communiqué, les délégués syndicaux et la Société des journalistes (SDJ) ont “constaté que le nouvel actionnaire et la nouvelle direction, qui s’y étaient pourtant engagés, n’ont pas réuni les conditions susceptibles de permettre au directeur de la rédaction de poursuivre sa mission en toute indépendance”. M. Izraelewicz, 54 ans, est le deuxième haut dirigeant des Echos à quitter le groupe depuis son rachat par LVMH. Le directeur général du groupe, David Guiraud, a été limogé fin janvier et a depuis rejoint le groupe Le Monde. Selon l’accord sur l’indépendance du titre signé par LVMH, le successeur de M. Izraelewicz devra être nommé avec l’accord du futur conseil de surveillance et notamment de deux administrateurs indépendants qui restent à nommer. La rédaction disposera en outre d’un droit de veto. Dans l’intervalle, le directeur adjoint de la rédaction, Henri Gibier, assurera l’intérim. Le géant du luxe LVMH a acquis fin décembre Les Echos auprès du groupe britannique Pearson. Il a parallèlement cédé La Tribune au Pdg de NextRadioTV (BFM, RMC…) Alain Weill. |
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