[13/02/2008 10:00:47] PARIS (AFP) La croissance française en 2007, dont les premiers chiffres sont publiés jeudi par l’Insee, atteindra péniblement les 2%, sous l’effet conjugué de la crise financière de l’été dernier et d’un déficit commercial record, qui risquent de continuer à peser sur l’économie en 2008. Dans sa dernière note de conjoncture en décembre, l’Institut national de la statistique prévoyait une croissance de 1,9% en 2007, mais la révision à la hausse de la progression du PIB au troisième trimestre (+0,8%) permet désormais d’espérer atteindre la barre symbolique des 2%. Après 2,2% en 2006, le gouvernement a bâti son budget 2007 sur une prévision de 2 à 2,5% mais a reconnu depuis lors que la croissance serait “autour de 2%”. 1,9% ou 2%: tout est suspendu au chiffre du quatrième trimestre, pour lequel l’Insee tablait récemment sur une progression de 0,5%. “Je reste convaincue que nous serons autour de 2% de croissance sur l’ensemble de 2007 tout comme en 2008”, a déclaré lundi la ministre de l’Economie, Christine Lagarde. Pour le gouvernement comme pour les économistes, la question est bien là: comment l’économie française, qui a déjà montré des signes d’affaiblissement fin 2007, encaissera-t-elle cette année le choc d’une crise financière mondiale qui s’annonce durable, sur fond de flambée du pétrole et d’euro fort ? Première inquiétude, le déficit du commerce extérieur, en constante dégradation. Des trois moteurs de la croissance (consommation, investissements et échanges), c’est celui qui tourne le moins bien. Il risque d’être un frein en 2008. Les dernières prévisions de l’Insee, réalisées avant l’annonce d’un déficit commercial record de plus de 39 milliards d’euros en 2007, estiment que “la contribution du commerce extérieur à la croissance sera négative au premier semestre 2008”. “C’est LE principal problème de l’économie française, reflet de toutes ses faiblesses”, estime Nicolas Bouzou, économiste du cabinet Asterès. “Ces dernières années, les 2% de croissance de l’économie française, c’est la résultante de 2,5% de croissance liés à la demande intérieure, et de -0,5% liés au déficit commercial”, résume-t-il. La hausse récente des cours des matières premières, pétrole en tête, et la force de l’euro par rapport au dollar et aux autres monnaies ne devraient pas améliorer la donne dans les mois qui viennent. Plus préoccupant encore, la consommation intérieure, principal pilier de l’économie française, a récemment montré des signes d’essoufflement malgré un rebond salutaire en décembre. “La hausse de l’inflation, le ralentissement du pouvoir d’achat qu’elle induit, les fortes turbulences des marchés financiers et le resserrement des conditions de crédit sont autant de facteurs qui nous font penser que la consommation ne tiendra pas le rythme au cours des prochains mois”, explique Alexander Law (Xerfi). Pour de nombreux économistes, ces difficultés, dont témoigne la baisse record du moral des ménages français en janvier, vont inciter les Français à restreindre leurs dépenses. Tout en anticipant un pic d’inflation à 3,0% en février et un ralentissement du pouvoir d’achat début 2008, l’Insee prévoit quant à elle que les ménages vont un peu moins épargner pour pouvoir continuer à consommer au même rythme que par le passé. Un pari partagé par Mme Lagarde qui mise notamment sur le “paquet fiscal” voté l’été dernier pour maintenir le pouvoir d’achat et ne juge pas nécessire pour l’instant de réviser sa prévision de 2 à 2,5% de croissance pour 2008. La plupart des économistes estiment de leur côté qu’elle sera nettement inférieure à 2%. |
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