Société Générale : Jérôme Kerviel à nouveau entendu par les juges

 
 
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Jérôme Kerviel, le 5 février 2008 à Paris (Photo : Martin Bureau)

[13/02/2008 19:24:50] PARIS (AFP) Jérôme Kerviel, le trader soupçonné de falsifications qui ont coûté 4,82 milliards d’euros à la Société Générale, a une nouvelle fois été entendu mercredi pendant près de six heures par les juges chargés de cette affaire.

Il s’agit de la première audition du jeune homme de 31 ans, mis en examen pour “faux et usage de faux”, “introduction dans des systèmes de données informatiques” et “abus de confiance”, depuis son placement en détention provisoire vendredi.

Selon son avocate, Elisabeth Meyer, Jérôme Kerviel “s’est expliqué comme il l’a toujours fait”. “Il est allé au fond des choses comme il l’a toujours fait”.

L’avocate n’a pas précisé si les liens entre le trader et un courtier, placé sous le statut de témoin assisté, ont été évoqués au cours de cette audition.

Ce courtier, travaillant pour la Fimat, une filiale de la Société Générale, pourrait avoir eu connaissance des agissements de Jérôme Kerviel.

Des messages électroniques instantanés (“chat”) entre les deux hommes ont été versés au dossier d’instruction.

Découverts par la banque qui a alerté la brigade financière, ils ont été prélevés par des policiers dans l’ordinateur de Jérôme Kerviel à la salle des traders de la Société Générale et montrent des liens étroits entre les deux hommes.

Ainsi, le 13 décembre, le courtier dit à Kerviel: “il va te falloir impérativement prendre des vacances”. “En taule”, répond le trader, selon des extraits publiés par le nouvelobs.com et confirmés de source proche du dossier.

En l’état du dossier, aucune complicité n’est imputée au courtier pour les falsifications reprochées à M. Kerviel.

Selon une source proche du dossier, les “chats” entre les deux hommes représentent un volume de 1.600 pages. En outre, les deux hommes auraient, selon cette source, échangé quelque 250 appels téléphoniques entre la mi-novembre et la mi-janvier et plus de 150 messages SMS.

“Un broker (courtier) et un trader qui discutent, qui échangent, c’est normal, on est en train de tout diaboliser”, a dénoncé auprès de l’AFP Me Meyer, qui “infirme les rumeurs” selon lesquelles son client aurait eu des factures très élevées pour son téléphone portable personnel dues à son activité de trader.

La garde à vue du courtier avait été révélée vendredi, quelques heures avant que la chambre de l’instruction ne décide de placer le trader en détention provisoire, notamment pour “éviter toute concertation avec d’éventuels complices ou coauteurs”.

L’avocat de la banque, Jean Veil, avait considéré que l’événement n’avait eu “aucune incidence” sur la décision de la cour. Mais pour Me Meyer, la Société Générale a “mené une enquête privée pendant cinq jours (entre la découverte des agissements du trader et leur révélation au public, ndlr) et distillé l’information au compte-goutte pour s’assurer que Jérôme Kerviel parte en détention”.

L’avocate du trader a déposé mardi un pourvoi en cassation contre la décision de la chambre de l’instruction et a indiqué qu’elle pourrait parallèlement déposer une demande de remise en liberté.

En l’état des poursuites, la détention de Jérôme Kerviel ne peut excéder quatre mois.

Evoquant sa détention à la maison d’arrêt parisienne de la Santé, Me Meyer a confié: “c’est dur parce qu’inattendu”.

M. Kerviel était “très content de pouvoir sortir pour venir s’expliquer devant les juges” (mercredi), a-t-elle ajouté.

En prison, Jérôme Kerviel “s’isole, reste dans sa cellule” et attend de recevoir des vêtements et un mandat de sa famille pour pouvoir effectuer quelques menus achats.

 13/02/2008 19:24:50 – © 2008 AFP