[14/02/2008 13:56:00] BRUXELLES (AFP) La croissance est restée élevée en zone euro l’an dernier, dépassant celle des Etats-Unis pour la première fois depuis 2001, mais elle a connu un net coup de frein au dernier trimestre, un signe annonciateur des difficultés attendues en 2008. Le Produit intérieur brut (PIB) a crû de 2,7% l’an dernier, soit un léger ralentissement après les 2,8% de 2006, selon une première estimation publiée jeudi par l’office statistique européen Eurostat. Jamais depuis 2001 et les attentats aux Etats-Unis, la croissance en zone euro n’avait été supérieure à celle de la première économie mondiale, où elle est ressortie à 2,2%, freinée par l’impact de la crise des “subprime”. Cette performance est une bonne surprise, alors que les principales organisations internationales prévoyaient une croissance légèrement inférieure, de 2,6%. Bémol toutefois: l’activité a nettement ralenti au quatrième trimestre 2007. Elle s’est établie à seulement 0,4% par rapport au trimestre précédent, où elle avait rebondi à 0,8%. La croissance a été soutenue par de bonnes performances aux Pays-Bas (+1,2%), et la bonne résistance de l’Espagne (+0,8%), mais le ralentissement a été marqué en Allemagne et en France, les deux plus grandes économies de la zone euro. Dans ces deux pays, la croissance a été de seulement 0,3% sur le trimestre, après 0,8% au trimestre précédent. “L’investissement des entreprises semble avoir résisté dans la zone euro au quatrième trimestre” et le commerce extérieur “a contribué positivement à la croissance en Allemagne, en France et aux Pays-Bas”, mais les dépenses de consommation des ménages, qui ont reculé en France et en Allemagne, “ont l’air d’avoir ralenti dans l’ensemble”, souligne Howard Archer, économiste chez Global Insight. Le coup de frein de la fin de l’année ouvre une période plus délicate pour la zone euro, sous l’effet du ralentissement de l’économie américaine, de la crise financière mondiale, de l’euro fort et du pétrole cher. Tous ces facteurs affecteront la croissance en 2008. “Pour le moment, le pire a été évité. Pour autant, il ne faut pas s’y tromper: le ralentissement est bien en marche dans la zone euro et surtout, il ne fait que commencer”, estime Marc Touati, économiste de Global Equities. Cette dégradation attendue a déjà amené le FMI à revoir largement en baisse ses estimations de croissance pour la zone euro pour cette année à 1,6%. Quant à la Commission européenne, qui tablait jusqu’ici sur 2,2%, elle devrait revoir également ses prévisions pour 2008 la semaine prochaine à un peu moins de 2%. La BCE a de son côté réitéré jeudi ses inquiétudes pour l’économie de la zone euro, ouvrant la voie à une possible baisse des taux directeurs dans les mois à venir si nécessaire. Dans son bulletin mensuel, elle a souligné que “l’incertitude concernant les perspectives pour la croissance est inhabituellement élevée”. L’institut monétaire mise jusqu’ici sur une croissance de 2% du PIB dans la zone euro en 2008, mais ses responsables ont déjà laissé entendre qu’une révision à la baisse était probable. Le Belge Guy Quaden, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a prévenu lors d’une conférence de presse que l’Europe n’était pas “immunisée” face au ralentissement économique aux Etats-Unis, et que la croissance en zone euro pourrait ralentir davantage que prévu par la Banque centrale. Comparé au scénario envisagé pour l’instant par la BCE, “la décélération (de la croissance) pourrait être plus forte”, a-t-il noté. |
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