Le repreneur suisse de Lalique vise la rentabilité sans licenciements

 
 
CPS.HHM28.140208193822.photo00.quicklook.default-245x161.jpg
Logo de Lalique (Photo : Olivier Morin)

[14/02/2008 18:39:39] PARIS (AFP) La société suisse Art et Fragrance a annoncé jeudi le rachat de la cristallerie de luxe Lalique au groupe Pochet pour 44 millions d’euros, avec pour objectif un retour rapide aux bénéfices grâce à des investissements, sans suppressions d’emplois.

“Le rachat de Lalique S.A. par Art et Fragrance S.A a été réalisé aujourd’hui (jeudi, ndlr) par la signature d’un contrat définitif”, a annoncé dans un communiqué le groupe de luxe suisse, spécialisé dans les parfums et les cosmétiques.

La cristallerie vosgienne créée en 1921 est restée “légèrement déficitaire” en 2007. Mais Art et Fragrance veut mettre en place un “plan de croissance” de “trois à cinq ans” pour lui permettre de revenir aux bénéfices dès 2009, a-t-elle expliqué.

A la clé: 12 millions d’euros d’investissements d’ici à 2012, et des mesures de “renforcement de la marque, d’augmentation des capacités de production et d’amélioration de l’efficacité de la distribution”.

Le tout sans licencier un seul des 600 salariés employés dans le monde, a assuré à l’AFP Silvio Denz, le président d’Art et Fragrance, également nouveau PDG de Lalique.

“Nous n’avons pas l’intention de réduire les effectifs”, a déclaré cet homme d’affaires qui se présente lui-même comme un collectionneur des oeuvres du fondateur de Lalique, le verrier René Lalique, depuis 20 ans.

“Nous avons besoin de produire pour avoir une croissance future, donc nous avons besoin des ouvriers”, a-t-il ajouté, n’excluant pas, à terme, d’embaucher.

Les syndicats ont accueilli l’annonce du rachat par le suisse avec “soulagement”, alors qu’un homme d’affaires indien, Ajay Khaitan, représentant le fonds d’investissement britannique Emerisque, a mené selon eux des “négociations exclusives” avec Pochet jusqu’au 31 janvier.

Entre les plans suisse et anglo-indien, “c’était le jour et la nuit”, a estimé Pascal Grussi, secrétaire du comité central d’entreprise (CCE) et délégué syndical FO.

“Avec Emerisque, on allait tout droit vers la délocalisation”, a-t-il ajouté, soulignant que les expertises commanditées dans le cadre du CCE avaient montré que le fonds n’entendait faire “aucun investissement en France”.

Sur l’unique site de production de Lalique, à Wingen-sur-Moder (Bas-Rhin), qui emploie 260 salariés sur les 425 présents en France, Silvio Denz veut investir dans les “18 à 24 mois” dans un nouveau “four à bassin” qui permettra de faire croître la production globale de “20 à 30% supplémentaires par an”.

En 2007, elle a progressé de 5%, dont +10% pour le seul cristal.

Le site de Wingen assure chaque année deux nouvelles collections, soit une production qui oscille entre 420.000 et 500.000 pièces.

Autre priorité: mener de front le développement des trois spécialités de Lalique (le cristal, les parfums et les bijoux) et le renforcement de sa présence sur les marchés clés de l’Asie.

Le rachat de Lalique intervient alors que la cristallerie française, et plus généralement la verrerie, traverse depuis le milieu des années 2000 une période de turbulences.

Déficitaire, le fleuron Baccarat, créé en 1720, est tombé dans l’escarcelle de Starwood Capital en 2005. Le fonds d’investissement américain a lancé en 2007 un ambitieux plan de relance prévoyant 25 millions d’euros d’investissements par an, sans suppressions de postes.

A l’inverse, Arc International a prévu de supprimer d’ici à fin 2010 la moitié des 12.000 postes qu’il comptait encore au début des années 2000. Le leader mondial des arts de la table a encore annoncé mercredi la suppression de 560 postes et l’arrêt de la production de son célèbre cristal d’Arques.

Pour Art et Fragrance, basé près de Zürich, le rachat de Lalique est aussi “une étape de croissance décisive”, qui va lui permettre d’élargir ses activités et multiplier par quatre ses ventes annuelles, à 140 millions de francs suisses (87 millions d’euros).

 14/02/2008 18:39:39 – © 2008 AFP