[15/02/2008 10:40:48] KRASNOÏARSK (AFP) Le très probable prochain président de Russie, Dmitri Medvedev, a plaidé vendredi pour “moins d’Etat” dans l’économie russe, affichant ainsi un programme plus libéral sans pour autant renier l’action de son mentor Vladimir Poutine. Dévoilant son programme économique devant un parterre de responsables politiques et d’hommes d’affaires à Krasnoïarsk, en Sibérie, à trois semaines de la présidentielle du 2 mars, M. Medvedev s’est aussi prononcé pour un système judiciaire plus indépendant du pouvoir. “La plupart des bureaucrates siégeant dans les conseils d’administration ne devraient pas s’y trouver”, a-t-il déclaré dans une allusion aux grands conglomérats publics industriels mis en place sous la présidence de Vladimir Poutine. “Ils devraient être remplacés par des dirigeants réellement indépendants recrutés par l’Etat pour travailler dans son intérêt”, a-t-il ajouté dans des propos diffusés sur la chaîne d’information Vesti-24. “Une importante partie des fonctions remplies par des organismes publics devrait être laissée au secteur privé” et le gouvernement devrait faire plus d’efforts pour protéger la propriété privée, a-t-il ajouté. M. Medvedev est lui-même premier vice-Premier ministre et chef du conseil d’administration du géant gazier russe Gazprom, accusé par l’Ouest d’être utilisé comme une arme économique contre les voisins récalcitrants de l’ex-URSS. Ancien professeur de droit, il est perçu comme plus libéral que nombre de responsables du Kremlin même s’il reste peu progressiste en matière de démocratie. Vladimir Poutine l’a choisi comme dauphin à l’issue des législatives en décembre. Le président sortant, qui devrait rester tout puissant, a annoncé qu’il deviendrait son Premier ministre si M. Medvedev est élu, ce qui ne fait guère de doutes. Ce dernier, fort du soutien de l’appareil d’Etat et de médias audiovisuels contrôlés par le Kremlin, est assuré d’être élu dès le premier tour avec plus de 60% des voix, selon les derniers sondages. Dans ce tandem inédit qui se profile au sommet de l’Etat, M. Medvedev, qui se garde bien de toute dissonance par rapport à son mentor, n’a dévoilé son programme à tonalité libérale qu’après que M. Poutine a lui-même clamé jeudi son opposition à un “capitalisme d’Etat”. Le candidat du Kremlin reprend aussi à son compte de nombreuses autres idées du président actuel, de la nécessité de réduire la dépendance de l’économie russe aux matières premières, sa principale source de revenus, à celle de développer la classe moyenne. “Ces objectifs sont ambitieux mais, de mon point de vue, complètement réalistes”, a-t-il dit. Il a aussi martelé que la corruption restait “la maladie la plus grave affectant notre société”. M. Medvedev a également promis d’oeuvrer pour la stabilité du rouble, déjà largement rétablie par M. Poutine, d’instaurer le paiement en roubles pour les exportations de matières premières et de transformer la Russie en “l’un des plus gros centres financiers du monde”. Vladimir Poutine a assuré le rétablissement d’une certaine stabilité en Russie, doublée d’une solide croissance (7% en moyenne par an), après la tourmente post-soviétique des années 90. Il s’est aussi distingué en renforçant le rôle de l’Etat dans l’économie, en particulier dans le secteur des hydrocarbures et dans des industries telles que l’aéronautique, l’espace ou les nouvelles technologies. Le discours de M. Medvedev a été plutôt bien accueilli dans les milieux d’affaires. Tout en restant prudente, Katia Malofeïeva, économiste en chef à la banque d’investissement Renaissance Capital à Moscou, a dit avoir eu “une impression positive”. “Je pense que son instinct est très libéral, qu’il est tendu vers la promotion de l’économie de marché (…) même s’il a une longue expérience au sein de grands goupes étatiques comme Gazprom”, a-t-elle ajouté. |
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