[15/02/2008 16:02:25] PARIS (AFP)
La France a connu en 2007 un rythme de créations d’emplois “inédit” depuis 2000 (+1,9%), en créant dans le BTP et les services plus d’effectifs salariés que n’en a détruit l’industrie, une performance qui ne se reproduira toutefois pas en 2008, selon les économistes. Commentant ces chiffres provisoires diffusés vendredi, la ministre de l’Economie et de l’Emploi Christine Lagarde y a vu la preuve que “les fondamentaux de notre économie restaient bien orientés”. Plusieurs économistes jugent toutefois que cette performance est derrière nous, en raison d’un ralentissement attendu dans le BTP. En 2007, les entreprises du secteur principalement marchand ont créé 60.000 postes (+0,4%) au dernier trimestre et 298.000 sur l’année (+1,9% sur un an). Sur le même périmètre statistique, le secteur principalement marchand, il y avait eu 188.900 créations nettes d’emplois en 2006. “Il faut remonter à l’année 2000, sommet du précédent cycle conjoncturel pour trouver un rythme annuel de créations d’emplois plus élevé”, a souligné Mme Lagarde.
“Le bilan est bon, la tendance l’est moins”, a estimé l’économiste Alexandre Mirlicourtois du bureau d’études Xerfi, pour qui “le ralentissement économique en cours laisse peu d’espoir de retrouver des créations dynamiques avant plusieurs trimestres”. Selon Denis Ferrand, de l’institut COE-Rexecode, “la configuration est surprenante, et pas la plus durable”, “une progression équivalente du PIB (+1,9%, ndlr) et de l’emploi”, cela veut dire “peu de gains de productivité”. Or, sans gains de productivité, les entreprises ne peuvent pas distribuer des baisses de prix ou de hausses de salaires, et à terme plus de croissance, analyse M. Ferrand. Selon lui, on assiste “peut-être à une déformation de la composition de l’économie, avec la montée en puissance de secteurs à faible productivité relative, comme le BTP, les services à la personne”. En 2007, la palme du dynamisme, comme c’est le cas depuis quatre ans, est revenue au BTP, avec +4,5% d’effectifs salariés en plus sur un an (+64.300). Mais plusieurs indicateurs (mises en chantier de logements, permis de construire, etc.) laissent penser que le haut du cycle est passé, et que “l’emploi dans le BTP devrait progresser d’à peine 1% cette année voire stagner”, selon l’économiste Marc Touati. “Il n’y a pas péril en la demeure, mais la mollesse économique reste de mise”, estime-t-il. Outre le BTP, ce sont surtout les services qui ont permis de faire le plein d’emplois, avec +2,7% créations nettes d’emplois sur un an (+282.400). A noter que les nombreux emplois en intérim se rangent dans cette catégorie, même quand il s’agit de missions dans l’industrie ou le bâtiment. La création d’emplois en intérim a atteint +5,8% (+36.200) sur 2007, essentiellement concentrée sur le premier trimestre, avant les élections. Dans l’industrie, l’hémorragie d’emplois stables a continué, avec -1,3% sur l’année (-48.900 postes), sous l’effet conjugué des délocalisations et des externalisations. Paradoxalement, selon plusieurs économistes, la France pourrait créer plus d’emplois s’il n’y avait pas une pénurie de personnel qualifié disponible pour travailler dans des filières perçues comme peu intéressantes (BTP, industrie, etc). Cette analyse sous-tend la philosophie des réformes en cours du marché du travail, notamment celle de l’ANPE, et peut-être bientôt la nouvelle convention d’assurance-chômage qui sera négociée à partir de mars-avril. |
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