Le Venezuela menace de priver les Etats-Unis de pétrole, mais est jugé peu crédible

 
 
[16/02/2008 09:13:23] CARACAS (AFP)

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Une femme porte des écriteaux hostiles à l'”Oncle Sam” et à ExxonMobil, le 14 février 2008 à Caracas (Photo : Juan Barreto)

Le Venezuela a de nouveau menacé de priver de pétrole les Etats-Unis, en représailles au contentieux soulevé par ExxonMobil, mais cette mesure, dont pâtirait davantage le pays latino-américain, n’a guère de chance d’être appliquée, selon les experts.

Le président vénézuélien Hugo Chavez a récemment averti qu’il pourrait “ne plus envoyer une goutte de pétrole vers l’empire des Etats-Unis”, en réaction au possible gel mondial des actifs de la compagnie nationale PDVSA.

Or, au delà des joutes verbales, les Etats-Unis constituent le premier client du Venezuela, qui lui vend la moitié de sa production (3,2 millions de barils quotidiens selon les données officielles), alors que le pétrole vénézuélien ne représente qu’environ 10% des importations américaines.

L’économie américaine a d’ailleurs déjà affronté cette situation lors de la grande grève déclenchée contre le régime de Chavez qui paralysa le secteur pétrolier entre décembre 2002 et janvier 2003, signale Elio Ohep, responsable de la revue spécialisée, PetroleumWorld, dans un entretien à l’AFP.

“Les grands fournisseurs des Etats-Unis, Mexico et le Canada, qui ont remplacé le Venezuela durant la grève pétrolière, prendrait le relais immédiatement”, affirme-t-il.

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Le ministre du Pétrole vénézuélien, Rafael Ramirez, le 14 février 2008 à Caracas (Photo : Juan Barreto)

Selon cet expert pétrolier, les autorités américaines, face à une rupture des exportations vénézuéliennes, pourrait en outre aisément “augmenter en un mois ses achats au Moyen-Orient”.

Dans son éditorial de vendredi, le grand quotidien américain Washington Post affirme qu’au cas où Chavez mettrait sa menace à exécution, “la première victime serait son régime”.

“Si l’administration Bush était réellement aussi décidé que M. Chavez le prétend à le renverser, elle pourrait être tentée de déclarer le boycottage du pétrole vénézuélien”, ajoute le journal.

Ce boycottage “provoquerait un petit dommage facilement réparable pour l’économie des Etats-unis, mais dévasterait le Venezuela”, ajoute le titre, en rappelant que le pétrole extra-lourd du pays latino-américain requiert les “raffineries spéciales” américaines.

La menace brandie par le Venezuela “ne semble pas possible car les ventes aux Etats-Unis représente la moitié des revenus de PDVSA”, estime l’agence financière Standard & Poor.

Le Venezuela, plus grand producteur latino-américain, tire de la production pétrolière près de 25% de son produit intérieur brut, et les impôts payés par PDVSA fournissent la moitié du budget de l’Etat.

“Une interruption du commerce est improbable”, selon la banque J.P. Morgan Securities, même si l’attitude du gouvernement vénézuélien peut créer à court terme “un facteur psychologique à la hausse pour les prix” du brut.

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La raffinerie ExxonMobil de Joliet (Illinois), le 1er novembre 2007 (Photo : Scott Olson)

Pour l’instant, le gouvernement vénézuélien a réagi en suspendant seulement ses relations commerciales avec le géant américain ExxonMobil, accusé d'”actions de harcèlement juridico-économique”, même si Caracas a accepté fin 2007 le principe d’un arbitrage international.

ExxonMobil, premier groupe pétrolier mondial, a présenté plusieurs recours juridiques pour compenser son retrait de la région pétrolière de l’Orénoque, dont le Venezuela a “nationalisé” les gisements en mai dernier, exigeant au moins 60% du capital des sociétés chargées de les exploiter.

Les mesures préventives sollicitées par le géant américain devant des tribunaux britanniques et néerlandais visent à geler jusqu’à 12 milliards de dollars d’actifs de PDVSA.

 16/02/2008 09:13:23 – © 2008 AFP