Pourquoi avons-nous du mal à connaître ce qui existe chez nous, et donc à
pouvoir l’apprécier à sa juste valeur ? A l’évidence, la réponse à cette
question est que nous avons un énorme déficit de communication. Mais de
l’autre côté on me rétorquera que les journalistes ne font pas bien leur
métier. C’est possible, cependant, le travail du journaliste ne consiste pas
uniquement à faire des enquêtes, telles que la création, la délocalisation
ou la faillite d’une entreprise : c’est fait pur et simple qui doit être
rapporté aux lecteurs tel qu’il est. Hélas, tout se passe comme
l’information et les faits n’étaient destinés qu’à l’étranger.
Nous disons cela parce que souvent on nous reproche de manque de
discernement, parfois même mal informés. Or nous ne sommes pas de
‘’producteurs’’ de l’information, mais des simples relais entre les
producteurs de l’information (entreprises, organismes ou institutions…) et
les ‘’consommateurs’’. Mais le constat est que certains organismes publics
préfèrent diriger leur information vers l’étranger souvent aux dépens de la
presse locale. Est-ce que cette stratégie est payante pour le pays ? J’en
doute. La preuve, tiens, vous avez certainement constaté que le nom
‘’Tunisie’’ n’existe pas dans les fuseaux horaires de la plupart des grands
équipementiers de la téléphonie mobile ? Saviez-vous que la Jordanie, le
Soudan, la Syrie… sont plus connus Outre atlantique que notre pays (je parle
bien entendu au niveau des ‘’gens’’ et non de l’administration…) ? Ma
conviction est que la presse –écrite ou online- constitue la vitrine d’un
pays… *
Tout ceci pour vous ramener à ceci. En effet, il y a quelques semaines nous
avons publié un article dans lequel nous avons posé la question de savoir si
la Tunisie était en mesure de satisfaire à la demande de certaines
entreprises hautement technologiques qui voudraient délocaliser sur le site
Tunisie. A la lecture de l’article en question, un organisme public nous a
envoyé un autre article écrit par le journaliste américain, John W. McCurry,
on ne peut plus flatteur pour notre pays : ‘’ Dynamisme méditerranéen : La
Tunisie bâtit un pôle de technologues ’’.
Dans le développement de cet article, McCurry évoque les entreprises
américaines mais également européennes installées en Tunisie. ‘’Spécialisée
dans l’aérospatial, Eurocast s’est installée en Tunisie (dans la banlieue de
Tunis à Radès) il y a quelques années afin de servir de base aux grands noms
de cette industrie comme le britannique Rolls-Royce, le français Snecma, GE
Aerospace et Honeywell’’, écrit-il. Et d’ajouter : ‘’La stratégie s’est
avérée payante pour Eurocast, maintenant à part entière de Paradigm
Precision Holdings, une firme détenue par American Capital basée en Arizona
(Etats-Unis)’’.
Le journaliste poursuit en disant que Eurocast -qui investit dans la fonte
afin de produire des composants de turbines à gaz aériennes et au sol-
possède la norme internationale NADCAP (National Aerospace Defence
Contractors Accreditation Program) pour la production aérospatiale et
souhaite développer sa force de production de 60 à 100 personnes dans les
années à venir.
En outre, il cite tour à tour deux hauts responsables d’Eurocast, en
l’occurrence son P-DG et son vice-président et directeur général :
“L’ancienne colonie française, proche de l’Europe, offre de nombreux
avantages en termes de coût de la main-d’œuvre”, déclare le premier, et le
second, Tom Wendt, va plus loin : “l’effort du gouvernement pour développer
les savoirs grâce à une formation universitaire gratuite et la construction
de pôles technologiques, fait de la Tunisie un lieu de production idéal’’.
Les propos de M. Tom Wendt rapportés par notre confrère américain montrent
qu’il connaît bien le site Tunisie : “Beaucoup de personnes n’ont pas
conscience de la technologie produite en Tunisie… Les Tunisiens ont une
grande faculté d’adaptation. Ils sont multitâches et nous les formons en ce
sens. Disciplinés, ils ont aussi un sens inné de la technique et adorent ce
que nous faisons”, poursuit-il.
Mais encore : “La proximité d’un port méditerranéen est aussi un plus, car
les matières premières de base que nous utilisons chez Eurocast -métal et
sable- sont lourds et arrivent dans le pays par voie maritime”, reconnaît
Wendt.
McCurry souligne, pour sa part, que ‘’avec une population d’environ 10
millions d’habitants, la Tunisie possède plusieurs secteurs de pointe dans
le domaine de l’industrie, notamment dans l’électronique, la mécanique, le
plastique, les technologies de l’information, le textile et l’habillement’’.
Le secteur de la chaussure n’est pas en reste, puisque, selon le journaliste
américain, ce sous-secteur, essentiel dans l’économie tunisienne, a su
attirer deux grandes entreprises européennes, une italienne et une allemande
dont la totalité de la production est destinée à l’exportation : ‘’Altek,
firme italienne qui produit des chaussures de sécurité et emploie 800
personnes, et Rieker, chausseur allemand employant 160 personnes’’.
Par ailleurs, nous savons également que, avec les délocalisations
dernièrement annoncées, la Tunisie possède une main-d’œuvre hautement
qualifiée dans plusieurs autres secteurs de pointe (aéronautique, composants
électroniques…).
Voilà ‘informations importantes pour l’industrie et l’économie tunisiennes
mais qui, malheureusement, sont connues par quelques journalistes étrangers,
mais très peu chez nous. Pourtant, nous restons convaincus que l’Internet
demeure aujourd’hui un outil d’information et de communication.
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